jeudi 16 octobre 2008

Petit solo au Groin


Source du Groin, 16 octobre 2008

Ayant pu faire regonfler mes bouteilles mardi soir, je me dis que mon RTT de jeudi après-midi serait bien mis à profit en allant tremper les palmes. J'envoie donc un message à Babar pour lui proposer de se taper un museau de porc (plonger au Groin, donc :o), et on convient de se rappeler le soir. Après la séance piscine je recontacte donc Laurent qui malheureusement ne peut pas se libérer demain. Je décide donc d'y aller seul, pour continuer de faire connaissance avec la cavité, à mon rythme. La première fois j'avais fait de l'équipement dans le shunt, et la deuxième travaillé la topo. Là, je veux me promener !
Sorti du bureau à 13h je rentre pour manger rapidement et partir au plus tôt. Finalement, après avoir appris de l'assurance vie de ma mère qu'elle était décédé en juillet, et lui avoir téléphoné pour lui apprendre la nouvelle (véridique), je pars enfin à 14h30. Je prends l'entrée d'autoroute, mais quand elle se divise entre Paris et Marseille celle que je vise est fermée et je me trouve contraint de rouler vers le sud. Mauvais début. La radio m'informant d'un accident je prends la première sortie et choisis de rejoindre l'A42 par les petites routes. Déjà je suis parti à la bourre, ça ne va pas m'avancer...

J'arrive enfin vers 16h30 et prends le sentier qui descend vers la source. A peine quitté le chemin pour me garer, je ne peux que constater que le terrain, plus que détrempé, est glissant. Je me retrouve embarqué contre mon gré vers le bas de la clairière. Ce n'est pas mon jour. Habituellement je garde dans le coffre mes chaînes à neige même en été pour ce genre d'aléa, mais des fois on a besoin de place dans le coffre et... Je glisse sous une roue le tapis prévu pour me changer, sous l'autre des branchages coupés à la machette et, après une longue lutte, je parviens à ramener ma voiture sur un terrain plus stable. Après une hésitation je décide de remonter la voiture en haut du chemin : si ça ne devait pas passer je préfère chercher de l'aide maintenant, qu'à la nuit après ma plongée. Mais je grimpe sans problème le chemin couvert de feuilles, et me gare les roues dans la descente, prêt à partir. Je croise le propriétaire des vaches qui, depuis tout à l'heure, m'observent moqueuses en manifestant bruyamment leur joie (en fait je pense que l'heure de la traite s'est faite attendre, et que certaines commence à le trouver douloureux : la montée du troupeau me confirme mon impression, certaines ayant du mal à marcher). Je fais un premier voyage pour poser le bi 9, palmes et casque, au bord de la vasque qui est à son niveau bas. Un deuxième voyage en combinaison, avec les plombs, me permet d'apporter un kit avec le relais 7L et le petit matériel.

Dès l'immersion je constate une très bonne visibilité, avec juste une légère laitance : environ 6-7 m. J'en profite un maximum, éclairant les nombreux recoins de cette galerie très travaillée. J'ai éteint mes éclairages de casque, ne gardant qu'une Bubble 5W au bras. Je progresse tranquillement dans le joli petit canyon, jusqu'à la relative étroiture des 170 m qui fait une marche montante à main droite. Au changement de cablette, qui de blanche devient jaune, je pose mon relais sur son tiers. Repartant sur le dorsal, je rencontre tout de suite derrière la marque des 200 m. Jusque là mon point bas a été d'un peu plus de 13 m, et maintenant la galerie remonte progressivement. Soudain elle fait une chicane droite-gauche, en passant au dessus d'une faille qui plonge d'environ 6 m. J'arrive bientôt à un nouveau changement de cablette (retour du blanc...) et à la marque des 300 m. Celle-ci est quasi illisible, inscrite sur un cul de bouteille fixé à l'envers sur le cable et que je regonfle d'une bouffée d'air. Etant maintenant à seulement 4-5 m de fond, je suis bien loin de mes quarts, environ à 200 bars. Je choisis pourtant de faire demi-tour : mon but aujourd'hui n'est pas de faire de la distance, mais de me familiariser un peu plus avec cette cavité très "tourmentée" avec de nombreux passages. Je préfère flâner au retour, prendre mon temps pour fouiner.
Revenu à mon relais j'amarre mon fil directement sur celui-ci, pour aller explorer les failles qui semblent s'étendre assez loin sur ma gauche (sens retour). Mon dévidoir maison en main, je déroule en m'éloignant du fil principal, grosso modo en direction de l'est. Je suis dans une diaclase horizontale et légèrement remontante. Je mets un minimum de caouèches, préférant faire des tours morts sur la roche, vérifiant régulièrement le passage du fil d'un bref coup d'œil en arrière. J'en déroule ainsi une bonne trentaine de mètres : ma progression semble être redevenue parallèle à la galerie principale, qui ne doit plus être très loin sur ma droite quoique je n'arrive pas à accrocher le fil dans mon faisceau. Après avoir bien examiné la physionomie de la galerie je rembobine, traversant parfois un bref nuage de touille, là où le plafond un peu bas m'a fait frotter le ventre sur la roche. Mon dévidoir va bien, la lumière dans laquelle passe le fil demandant juste à être élargie sur le modèle définitif prévu pour bientôt, cette fois tout en inox. Je récupère mon relais que je rouvre, mais reste sur mon dorsal pour continuer vers la sortie. Je rebrousse presque tout de suite chemin pour remonter un peu, mon oreille droite ne voulant pas passer. Je me glisse dans le haut de la faille pour équilibrer et redescend très progressivement avec de fréquents Vasalva. Tout rentre dans l'ordre et c'est reparti.
A partir de 50 m avant la sortie je commence à chercher sur ma droite le départ de la galerie que Josée était allé regarder la dernière fois, en compagnie d'Isabelle et Pierre. A nouveau je m'amarre au fil principal et part voir cette galerie qui, effectivement, se distingue du reste de la cavité : petit éboulis de galets et graviers puis de sable, une roche si sombre que je crois un instant que la galerie continue alors que je suis quasiment le nez sur le mur ! Je rejoins à nouveau le fil pour finalement sortir. Je ne distingue que tardivement une faible lueur m'annonçant la surface, car la nuit est presque tombée et la vasque - encaissée - prend un peu d'avance sur les alentours.

Je pose le relais et mon dévidoir pour entamer la remontée avec mon bi. J'aurais peut-être dû laisser aussi mon lestage pour le deuxième voyage : comme d'habitude chaque pas fait vers le haut dans le gravier est suivi d'une redescente, en un élégant glissé façon "moon walk", d'une hauteur proportionnelle au poids de la mule ! En moyenne on peut considérer qu'il faudra monter une fois et demi ce que l'on voit... Parvenu au sommet de l'éboulis je récupère mes clés de voiture planquées, et attaque le sentier quand j'aperçois une superbe salamandre qui passe sans hâte. Elle ne paraît pas effarouchée par ma lampe et je tends ma main encore gantée pour qu'elle grimpe dessus, ce qu'elle fait très gentiment. Je l'observe un peu, la repose avec précaution et reprends mon chemin tout content de cette chance. En haut du sentier je continue sur le sentier d'exploitation couvert de feuilles mortes et Oh ! une autre salamandre. Un peu plus farouche, je ne l'importune pas, me contentant de la regarder, et reprends ma route. Avant d'arriver à la voiture j'en vois une troisième... La pluie fine qui tombe les emballe visiblement, et c'est jour de sortie chez les salamandres. Je pose le bi et les palmes, et retourne chercher le reste du matos en éclairant soigneusement mes pas pour ne pas écraser ces charmantes petites bêtes. Je glisse relais et dévidoir dans le kit spéléo et repars - un peu plus léger - à l'assaut de la pente. Revenu sur le chemin je croise, devinez quoi ? Raté bande de petits présomptueux, ce n'est pas une salamandre mais un crapaud tout joli (n'en déplaise aux mauvaises langues et aux auteurs de contes de fées sans imagination). En quelques sauts fainéants il traverse le chemin, sans trop se laisser approcher. Bien sûr, je recroise d'autres salamandres. Ça commence à être lassant, elles n'ont rien d'autre à fiche ces bestioles que de traîner sur mon chemin ?!

La nuit est maintenant complète et, pressé de partir, j'ai chargé le matériel tel quel, le bi - debout et détendeurs encore montés - attaché derrière le siège arrière. Je me contente de quitter l'étanche, et conserve la sous-combinaison pour sauter dans mes bottes et reprendre la route. Si j'ai un contrôle routier ils risquent de me trouver croquignolet ! Mais non, le retour se fera sans incident. A bientôt le Groin et, comme dirait Babar : Gruik ! Gruik !

Alain.

samedi 4 octobre 2008

Golet du Groin (et non pas Groin du goret :o)


Aujourd'hui il y a un peu trop de choses à faire pour une journée de 24H. Il est prévu une réunion de la Commission Régionale de Plongée Souterraine (CRPS RABA) avec, en avant-première, une plongée au Groin. Problème : ce soir c'est la crémaillère de Flore, prévue de longue date et pour laquelle je me suis engagé. Une promesse est une promesse et puis ça facilite le choix. J'irai donc faire la plongée avec les copains, puis je rentrerai sur Lyon pour faire la fête. La crémaillère est prévue en journée continue, chacun venant quand il lui plaît-plaît-plaît dans l'après-midi jusqu'en soirée.
J'arrive sur place comme prévu vers 11h et y trouve Pierre Mercier-Guyon. On papote un peu, jette un coup d'oeil à la vasque qui est à son niveau bas (le seul que je lui connaisse pour l'instant), puis arrive the Babars' Family, Isabelle Perpoli (sans sa moto :o) et enfin Thierry Briolle accompagné de Jérôme Blanc (annoncés par le bruit du camion). Pour Eric Charbonnier et son amie Sylvie il faudra attendre encore un peu, d'autant que la décision de venir s'est faite au dernier moment.

Laurent a prévu de continuer la validation de la méthode topo élaborée avec Jean-Claude Pinna, et cherche donc un volontaire. Je ne me fais pas trop prier, désireux depuis longtemps de découvrir le topotage. Josée partira avec Isabelle et Pierre, tandis que Thierry et Jérôme conserveront le binôme commencé pour faire la route. S'engage alors une savante explication-démonstration de la méthode topo : Babar déroule son fil depuis la barrière, faisant de savants amarrages sur les rétroviseurs (pas sûr que j'en trouve dans la cavité ^^) avec explicatances des choix de trajectoire pour faciliter visées et mesures. Nos petits camarades se moquent gentiment de la toile d'araignée qui se tisse entre les voitures. Puis on rembobine et détermine les rôles de chacun : j'irai de l'avant, déroulant et amarrant sur une centaine de mètres ; Babar suivra en prenant pour chaque station direction, profondeurs du fil ainsi que des points bas et haut ; je reviendrai (laissant le dévidoir aux bons soins de mon compère) en mesurant les largeurs à l'aide d'un décamètre. On se croisera donc et Babar ramènera le dévidoir. La difficulté est dans le fonctionnement inverse dans les relevés faits par l'un et l'autre : les largeurs devant être (dans le sens normal de progression) celles du segment suivant, il me faudra les prendre perpendiculairement au segment derrière moi au retour. Sinon les données fournies au logiciel de rendu ne seraient pas cohérentes.
Tout le monde se prépare. Pour ma part je trouve que j'ai beaucoup d'accessoires avec le dévidoir de topo (en plus évidemment du mien propre pour la sécu), un décamètre de fort beau gabarit et une plaquette de notation. Je me trouve moins encombré avec 2 relais qu'avec ces petits bidules qui pendouillent. Même si ça ne me dispense pas d'un relais ;o) Thierry et Jérôme sont prêts les premiers, suivis de Babar et moi, Josée et sa troupe fermant la marche. Eric & Co arrivés entre temps prendront nécessairement le départ hors délais : pas de classement, pas de médaille ! Je m'équipe laborieusement dans la vasque puis rejoint Babar.
On commence par avancer dans la galerie car nous avons prévu de commencer la topo à la cote 170. On commence en faisant amarrage commun avec la cablette en place, et c'est parti. J'essaye de ne pas faire des segments trop courts, mais les amarrages disponibles ou la visibilité limitée ne me laissent pas toujours le choix. Il faut dire, concernant la visi, que les arrêts pour amarrer le fil suffisent souvent par l'expiration prolongée de bulles à décrocher la suspension fixée en plafond. Je croise Thierry et Jérôme qui reviennent. J'avance à mon rythme mais commence à ne pas avoir chaud aux mains. J'arrive à mon terme et dépose le dévidoir pour attraper le décamètre. Je cherche... Je cherche... Je cherche ! Et m..... !!! Rien à faire, je ne l'ai pas. Je doute fortement l'avoir perdu en route, je pencherais plutôt pour qu'il soit tombé pendant que je m'équipais dans la vasque, sans rien voir dans la touille qui règne au bord. je me filerais des claques. Dépité je prends le chemin du retour et signale - honteux - ma bêtise à Babar. Il me fait signe qu'il continue, tandis que je rentre, regardant quand même dans les failles survolées au cas ou... Quarante mètres avant la sortie je vois des lumières dans une galerie qui part sur ma droite. Je jette un oeil et aperçois la palanquée de Josée. Je les laisse et continue vers la sortie. Un peu avant la vasque je croise Eric en recycleur et Sylvie. Comme je m'y attendais je retrouve le décamètre posé sur le gravier dans 50 cm d'eau, à tâtons dans la touille encore présente. Trop nul. Quand Laurent sort il me dit que j'aurais malgré tout pu prendre des mesures à l'estime. Effectivement, mais perturbé je n'y ai même pas pensé. Enfin, les mesures qu'il a prises permettent quand même d'établir un profil, à défaut d'avoir les sections de la galerie. C'était un essai couronné d'échec comme dirait mon paternel, j'espère faire mieux la prochaine fois. Je remonte en me déhalant sur la corde mise en place par Thierry. La palanquée de 3 nous rejoint bientôt, suivie de peu par Eric & Sylvie qui ne seront pas restés longtemps car elle a eu des problèmes avec ses palmes mal adaptées à ses botillons : après les avoir perdu nombre de fois, elle est finalement sortie en les tenant à la main...
Babar nous apprend, qu'ayant pris le point de référence topo quand nous nous sommes immergés, il a constaté en sortant une élévation du niveau de 50 cm sur le seul temps de la plongée. J'apprendrai le lendemain que le niveau s'est finalement élevé de 6 m...

Quand tout le monde est changé et le matos chargé, les véhicules se reforment. Tandis qu'ils vont prendre la route pour St Egrève afin d'aller à la réunion, je vais moi repartir sur Lyon. Je rentre donc, décharge mon bazar, fais un brin de toilette et repars direction la presqu'île pour la crémaillère. J'ai oublié l'adresse exacte et essaye de joindre Yves, qui doit sûrement encore y être, pour obtenir le numéro. Mais l'animal ne répond pas et je fais du porte à porte, listant les noms des interphones. Finalement il me rappelle pour me dire que, invité ailleurs, il est déjà parti. Qu'importe, avec ses indications je sonne enfin à la bonne porte. Il me semble bien percevoir comme un soupçon d'étonnement. Et Flore me dit "Tout le monde est parti... Mais monte quand même ! ". Effectivement, pour une occasion qui se déroule habituellement plutôt en soirée, il se trouve que tout le monde avait d'autres projets pour le soir. Résultat tous sont venus dans l'après-midi et je me trouve à finir les cacahouettes avec mes hôtes. Comme ils hébergent un couple d'amis je ne m'éternise pas, les laissant après une petite demi-heure quand même très sympatique, même si un peu inattendue.

C'était une journée où il était dit que les choses ne se dérouleraient pas comme prévu !