dimanche 28 septembre 2008

Siphon d'Arbois, Ré-équipement

Ce dimanche matin la mise en route est difficile : l'entraînement d'aviron de la veille pèse encore dans les jambes et le dos, sans parler d'un retour tardif après être aller donner un petit coup de main à l'ami Stéph qui aménage sa maison (vous savez, certains d'entre-vous le connaisse : un mec qui est sur la liste et qui plongeait autrefois... :o)

Bref je décolle de la maison (oui ma Kangoo décolle ! Si j'veux. ) légèrement à la bourre, et en cours de route je joins Jean-Claude : c'est que j'aimerais bien avoir confirmation de l'heure de rendez-vous et de la route à prendre. Le rendez-vous s'avère être à 9h alors que j'ai - sur les conseils de Babar et parce que ça m'arrangeait - visé 9h30. Pas grave me dit-on. Quant à la route, JC me confirme que l'accès par Choranche étant fermé suite aux éboulements, le seul accès encore possible, par le col de Romeyère (1069 m), est bien celui qui se prend à St-Gervais. Je sors donc de l'autoroute à Tullins et attaque la grimpette par cette petite route de montagne. Passage devant la cascade du canyon des Ecouges, qui jaillit d'une falaise semblant avoir été entaillée par la hache d'un titan : c'est beauuuuu ! Soudain, virage à droite et un tunnel. LE tunnel. Un truc pas croyable taillé à la pioche, brut de brut. Aucun éclairage sur 300 m , dans la roche sombre, c'est bluffant. Des "garages" sont aménagés pour se croiser mais, de toute évidence, il doit falloir parfois reculer. Et quand on sort, après seulement 2-3 virages qu'on pourrait qualifier de résiduels, on s'étonne de trouver une route soudainement plus large et quasi rectiligne sur des kilomètres. On est sur le plateau et on redescend finalement sur Rencurel. Pour moi Rencurel n'était jusque là qu'un nom sur un panneau. Je constate que c'est particulièrement joli, ça me donne l'impression d'arriver au pays des hobbits ! Dommage, je n'ai pas pris l'appareil photo : j'aurais bien aggravé mon retard !

J'arrive enfin à 9h35 et rejoins les copains déjà à l'ouvrage : Jean-Claude Pinna, Xavier Méniscus, Patrick Serret et Thierry Briolle. J'ajoute mes bras aux leurs pour remettre le câble en place et en tension. Jean-Claude a encore amélioré le dispositif au niveau du mât, sans compter qu'il a cintré de la cornière pour faire des skis au treuil. La descente de ce dernier s'en trouve grandement facilitée.

J'effectue quelques trajets pour rajouter mon matériel à celui qui attend déjà de prendre le téléphérique. Arrive enfin Babar, qui me prête gentiment un relais 7L Nx40 à la place de mon 7L air.

Patrick est déjà parti depuis quelques minutes pour l'autre côté de la vallée, et je cours pour le rattraper. Je ne le rejoins qu'au pied de la falaise. Nous nous équipons pour la remontée sur corde et, à ma demande, Patrick vérifie rapidement que je n'ai pas fait de bourde. Surtout que j'ai changé de harnais, optant pour un ancien modèle de montagne à bretelles, récupéré de mon père. Il va bien mais, après quelques mètres de progression, je constate que je n'ai pas suffisamment serré les bretelles : mon croll qui fait l'intermédiaire avec la ceinture n'est pas fixé assez court. Ma progression s'en trouve ralentie car je dois m'aider de la main... Nous nous retrouvons enfin tous les deux devant l'entrée de la grotte.

Patrick me fait voir que le bateau, que nous avions amené lors d'une virée précédente, n'est finalement pas mort ! Coincé entre d'énormes blocs qui lui ont évité le grand saut, il est cependant un peu cabossé. La pression a dû être énorme. La paroi extérieure est endommagée mais semble encore étanche quoique fragilisée. JC suggérera un peu plus tard que l'on fixe des bouchons sur la double coque pour pouvoir le « noyer » :rempli d'eau et attaché au niveau du lac, il pourrait subir les montées d'eau sans imploser. Et nous n'aurions pas à le charrier à chaque venue.

La première benne arrive. Un peu vite. « Stop ! Stop ! Stoooop !!! » crie Patrick. A peine ralentie, elle s'échoue contre la falaise, heureusement sans dégâts. C'est que la bête est lourde, bardée de tous côtés de kits spéléos qui ne tenaient pas à l'intérieur. Dedans les premières bouteilles et un sac où Thierry à sans doute planqué un âne mort. Pour son goûter. Chaque sac enlevé allège la benne qui remonte, et que l'on peut ainsi rapprocher du porche de la grotte. Patrick me laisse pour aller topographier la galerie qu'il avait repérée proche de l'entrée. Je récupère les 2 bennes suivantes. Une corde bienvenue me permet, un pied posé dessus, d'empêcher la poubelle reconvertie de monter en même temps que les blocs que je soulève. Sinon, rapidement mes bras seraient trop courts !

Tandis que je prépare mon matos Patrick revient enthousiaste. L'arrêt sur étroiture qui l'avait bloqué le coup d'avant ne serait pas infranchissable. Et si nécessaire il est prêt à faire péter le bazar, car rien n'arrête Belu... Thierry nous rejoint le premier et commence lui aussi à équiper ses blocs, puisque nous serons les deux seuls à plonger aujourd'hui. Le reste de la troupe arrive après avoir rangé le matériel au départ du câble, pour éviter les mauvaises surprises.
Après avoir cassé la croûte c'est le briefing sur l'objectif du jour. L'impasse est faite sur l'aspect topo, qui a paru un peu ambitieux à faire en même temps que l'équipement. A deux, et vu les conditions de la précédente plongée, il paraît plus raisonnable de ne viser que la mise en place d'un nouveau fil, avec pour contrainte d'être adapté à la topo qui suivra, et de permettre une progression facile au propulseur. On répète un peu et on s'ébranle.

Ça me fait bizarre de ne pas porter mon bi : les plongeurs portent leur relais, lestage et petit matériel pour arriver frais au siphon. C'est la première fois que j'ai un porteur, et à l'inverse de la situation habituelle, c'est Xavier qui porte mon scaphandre tandis que Babar a pris celui de Thierry. La progression se fait à pas prudents car , suite à la crue du 13 septembre qui avait abouti à la mise en charge de la galerie, l'eau qui était encore là il y a peu a laissé un sol particulièrement glissant. On arrive au lac, dont on voit bien que son niveau s'est élevé. Les porteurs n'ayant pas pensé à prendre de palmes, on se les répartit en fonction des charges ou de la possibilité de gonfler l'étanche. La traversée se fait beaucoup plus proche du plafond que la dernière fois. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour en faire un S1.

De l'autre côté le photographe, Belu parti devant, nous fait prendre la pose. La remontée vers la suite de la galerie est elle aussi l'occasion de plusieurs photos. Plusieurs mains se sont vues dotées d'un flash et on applique la méthode « 1... 2... Flash ! 3... Clic » chère à Patrick. N'ayant pas de flash je prend de l'avance et descend la deuxième galerie vers le siphon. Son propre niveau n'est que légèrement monté. Tout le monde arrive et on se prépare, assistés par nos camarades. Thierry a troqué son bi 10 contre un bi 7 bien gonflé prêté par Laurent, tandis que je plonge avec mon vieux bi 9. Nous avons chacun un relais 7 L de NitrOx 40. On fait la dernière mise au point sur la répartition des rôles. Je déroulerai le fil en choisissant les stations et, tandis que Thierry effectueras l'amarrage, je repartirai sur la suivante. Pendant ce temps nos camarades se consacreront à une séance photo dans l'exondé.

C'est parti. Je prends donc la tête et découvre pour la première fois ce siphon. Je sens bien que la galerie continue avec les mêmes volumes que l'exondé que l'on vient de quitter, mais souvent on perd les parois. La visibilité n'est pas vraiment constante, et je commence à me dire que pour choisir des visées adéquates ce serait mieux de deviner les parois et d'appréhender visuellement l'orientation de la galerie... Pour l'instant on progresse sur le fil posé l'autre jour par nos amis. D'une chiquenaude je le fait vibrer et regarde le halo de fine argile envelopper le fil. Comme prévu, à 75 m (env. -23 m) nous en trouvons la fin amarrée sur celui de Jean-Louis Camus. Thierry raccorde notre fil et j'entreprends de dérouler. Nous posons nos relais peu après. Le cheminement n'est pas particulièrement sinueux, et n'impose donc pas de fréquents fractionnements. Ça tombe bien, car souvent les possibilités d'accroche ne se bousculent pas. Vers 100 m le fil de Camus se dédouble. Je cherche la direction générale de la galerie, tandis que le fil ancien fixé de loin en loin n'hésite pas à s'appuyer à la roche, s'enterrant même parfois dans le sable. Le nôtre cherche les droites, suit le fond à distance mais se garde de flirter avec la voûte, pour séduire les scooters qui ne manqueront pas bientôt de suivre ce chemin.

Progressivement la profondeur augmente et nous sommes maintenant dans les -45 m. Les paliers sont déjà bien là et je viens de dérouler une longueur conséquente sans repérer d'amarrage convaincant. Je suis sur le point de faire demi-tour, de rembobiner pour arrêter notre fil à la station précédente, quand je vois en paroi gauche un terminus possible. Il nous fait rejoindre le fil de Camus, mais nous contraint à retraverser la galerie. Mon profondimètre m'indique -47 m. Thierry fixe et coupe le fil. Nous avons dépassé d'une cinquantaine de centimètres la fin du fil métré qu'avait préparé Laurent, soit l'étiquette des 150 m.

Il ne faut pas traîner car les paliers s'affichent maintenant à 8 m et 35' sur mon vieux Favor pourtant très indulgent... Je commence à enrouler les 2 vieux fils jumeaux, aussi rapidement que possible afin de dégager la zone profonde. Thierry passe devant, coupe un des 2 fils pour déséquiper en parallèle. Nous avançons vite, attentifs à ne pas nous piéger avec notre ''récolte'' puis, après avoir récupéré les relais, nous rejoignons la zone des paliers. Nous n'en n'avons pas gagné sur le retour, mais malheureusement pas perdu non plus. L'eau est à 9° et l'attente promet d'être longue. Je m'éloigne parfois de Thierry pour suivre au plus près la courbe de remontée indiquée par le Favor, qui a la particularité de remonter mètre par mètre jusqu'à -3 m. Ayant été au NitrOx 40 entre 0 et 30 m je suis tenté de proposer à Thierry d'écourter la fin de nos paliers, mais je constate qu'il est repassé sur son dorsal et nous terminons donc nos paliers air. Nous sortons finalement après 73' de plongée.

Après un bref compte-rendu de la plongée nous attaquons la remontée. Thierry et moi conservons nos bis, cédant relais et dévidoirs. J'avance à pas mesurés. Inutile de se mettre dans le rouge. La première montée se fait assez facilement, et nous redescendons sur le lac en nous aidant de la main courante mise en place en notre absence. Après avoir retraversé le lac nous gravissons la galerie de sortie, plus longue et surtout plus glissante. Je tire un peu la langue et prends mon temps. Finalement nous retrouvons l'air libre et une tenue plus confortable. Nous reconditionnons les kits de matériel. Xavier et Belu partent devant pour aller actionner le treuil. Je pars peu après avec Laurent, laissant Jean-claude et Thierry pour envoyer les bennes. L'habituel petit rappel pour rejoindre le pied de la falaise, et nous suivons la Bourne au fond de la gorge. A cette heure-ci la lumière est magnifique et le site m'émerveille. Laurent en profite pour prendre quelques photos et nous remontons. Quand nous rejoignons nos amis la dernière benne est arrivée et nous sommes juste dans les temps pour remonter tout le matériel : kits, blocs, mais aussi la benne ou la poubelle où est stockée la corde de charge, et enfin le treuil. Même si les skis tout neufs facilitent la tâche, cela reste rude et on délire sur des solutions farfelues pour qu'il remonte tout seul.

Entretemps est arrivée Isabelle, piétonne par nécessité suite à un soucis (appellation pudique) sur sa moto. Elle permet ainsi à nos mâles spéléos de démontrer qu'après une journée de labeur ils peuvent encore, preux chevaliers, secourir une jeune fille en détresse. Je vous renvoie à sa propre narration.

C'est ainsi qu'une nouvelle très belle journée s'est achevée vers 19h30. Je remercie encore tous mes camarades pour m'avoir permis d'apporter ma pierre à cette belle aventure. Car bientôt nous serons dans une zone qui sera le domaine des recycleurs.


Alain.

Le CR du Belu
Les photos du Belu
Le CR à chaud de Jean-Claude