mercredi 27 avril 2011

Stage Trimix hypoxique et Plongées complexes à BSA

A venir, la Traversée de Lyon, à l'aviron ou en bike & run,
Les Journées Découverte de la Commission Vaucluse, organisées par Serge Cesarano.


Préambule

L'affaire avait en fait été lancée l'an dernier, dès la clôture du stage Trimix Normoxique (3-4 avril et 2 mai 2010). L'idée était de donner suite en faisant l'hypoxique selon la même formule, à savoir la combinaison d'un stage trimix avec les compléments propres aux plongées dites complexes pratiquées en souterraine. Le premier stage s'était fait -- à l'initiative d'Alain cloteau -- sous la houlette de Hervé cordier et Serge Césarano. Le second -- avec Alain cloteau à l'organisation logistique -- sera encadré par Serge Césarano ("Le Retour") et Jean-Pierre Stéfanato, en remplacement d'Hervé très pris par d'autres projets. Les autres joueurs seront Nicolas Massol, Alexis Carreel, Jérôme Blanc et bien sûr Alain Cloteau. A l'exception d'Alain qui plongera avec son Inspiration (machine que connait bien Serge puisqu'il forme à son usage) nous serons tous en ouvert. Le terrain de jeu reste bien évidemment Bourg St Andéol avec le puits du Goul du Pont. 

Ceux pour qui le choix d'un gaz se limite à Butane ou Propane à la station service se référeront utilement à la note "Le Trimix hypoxique, kézako ?" en fin de mon billet "Trimix à Chindrieux".

J'arrivais au stage avec malheureusement pas mal de stress et de fatigue accumulés, pas vraiment dans les meilleurs dispositions. La faute à 3 semaines sans avoir vraiment le temps de me poser un soir à la maison. Et même si certaines soirées étaient fort agréables (repas, ciné...) ce n'était cependant pas un vrai repos. Il faudra composer avec et gérer les temps de repos.



mercredi 27 avril

Le premier jour, qui était en fait une demi-journée, commença par le trajet. Le covoiturage avec Alain Cloteau se fit au départ de chez moi immédiatement après le boulot et, pour une fois, c'est lui qui était en retard. Comme heureusement nous avions prévu de la marge cela ne se répercuta pas trop sur notre arrivée. Le rendez-vous était fixé au gîte du Pont d'Ardèche à Pont St Esprit. Ayant déjà eu l'occasion d'en apprécier les avantages, le choix s'était imposé.



Une fois les salutations faites et le matériel déballé, nous rentrons vite dans le vif du sujet. Après les vérifications administratives et celles des conditions d'accès au stage nous attaquons le premier cours. Toutes les interventions du stage seront à son image : même si l'un de nos deux instructeurs déroule le fil principal, le cours se fait essentiellement à deux voix. Voire plus car les échanges seront privilégiés, les questions réponses apportant beaucoup à nos multiples interrogations. Nous manipulerons beaucoup les logiciels de décompression, les comparant, pour illustrer les effets induits par nos choix de gaz, notamment entre nitrox et heliox pour une décompression optimisée.

Après l'excellent repas pris en terrasse, où nous sommes chouchoutés par nos hôtes, nous retournons en salle. La deuxième partie concerne la programmation de notre plongée de demain. Cette première plongée se fera pour Nicolas et moi à 60m avec Jean-Pierre. Nous faisons chauffer les logiciels  de décompression, notamment MV-Plan en ce qui me concerne. Nous tournons et retournons différentes possibilités et en discutons avec nos mentors pour en peser avantages et inconvénients, au regard du cours précédent. Nous finissons quand même par aller nous coucher, en ce qui me concerne le sommeil ne sera pas un luxe.



jeudi 28 avril

Le matin, après un solide petit déjeuner, nouveau cours. Puis nous vérifions les gaz, préparons les blocs de décompression, fignolons les derniers détails matériels. Après un rapide pique-nique nous partons pour BSA. Les préparatifs s'enchaînent et les plongées suivent, avec quand nécessaire un aller-retour de nos cadres qui feront 2 tours : le stagiaire en attente en tête de puits à -18 le rejoignant quand le ou les précédents remontent. Heureusement que Jean-Pierre et Serge sont en recycleurs. 

La plongée en elle-même ne présente pas de réelle difficulté et les runtimes seront suivis scrupuleusement, comme seul le Goul du Pont peut le permettre en souterraine... Seul fait notable, afin de  respecter le cursus fédéral qui prévoit cela, le puits connaîtra un inédit lâcher de parachutes. Depuis -30, point offrant une belle verticale, échappant aux moulinets adéquats les bananes se lanceront à l'assaut -- parfois stoppé prématurément-- du puits dont la cloche qui le surplombe se verra violemment déflorée ! En fait je crois surtout que ça amusait Serge... D'un autre côté on ne peut lui reprocher de s'efforcer de respecter un référentiel dont il a fortement participé à l'écriture.  Mes paramètres : -60/45' avec un bi 12 litres de Tx20/32 et 1 relai 7 litres de Nx40.

Jean-Pierre et Nicolas au booster

De retour au gîte nous nous lançons prioritairement dans la préparation des gaz pour la plongée du lendemain. Les calculs se succèdent, nous comparons nos profils, justifiant nos choix. De la confrontation naît... le doute. Mais le doute raisonnable, celui de la remise en question à travers différents filtres : la sécurité bien sûr, l'adapté, le réalisable... Quand chacun est fixé vient la phase du gonflage. C'est la partie pratique de l'apprentissage, avec la mise en oeuvre des différentes techniques. Certaines sont déjà bien maîtrisées comme l'usage de la nitrouillette pour fabriquer les nitrox, d'autres nécessitent a minima rappel ou explication comme le délicat surpresseur d'oxygéne, ou le gonflage hélium à la poche. Le surpresseur, ou booster, est mû par la pression d'un bloc de 15 litres et il faut surveiller attentivement la vitesse de chargement pour ne pas risquer un échauffement critique avec l'O2. En fait il faudra changer plusieurs fois le bloc "moteur", le compresseur électrique gonflant des bouteilles pour cet usage. Le gonflage à la poche ne comporte lui pas de risque particulier même s'il faut être attentif pour respecter les pressions partielles calculées avec les logiciels ad hoc : une ancienne bouée colerette est recyclée en tampon pour alimenter le compresseur, via son arrivée d'air connectée en direct, en helium pur. Nous avons dû refaire l'étanchéité au niveau du filtre à air pas prévu pour cela mais la manipulation reste simple, et Alexis contrôle la vanne de la B50 d'helium d'une main et vérifie le bon gonflage de la poche de l'autre. 

Quand la nuit tombe nous remettons au lendemain les dernières manipulations pour repasser en salle de cours. A nouveau nous évoquons des spécificités de la souterraine relatives notamment à la chaîne de décompression. A nouveau nous rejoignons nos lits avec bonheur.



vendredi 29 avril

Première palanquée : Alexis,
Nicolas et JeanPierre

Je démarre la journée avec la pression car si d'autres ont pu finir leurs gonflages la veille, les fonds de bouteilles ont compliqué les miens que je finis dans l'urgence. Et je n'aime pas ça. Avec Alain nous partons à la bourre pour le site car il a dû lui aussi rectifier un gaz. Heureusement, comme nous ne partons évidemment pas tous en même temps, notre passage en deuxième palanquée après la sortie des premiers nous donne le temps de souffler. C'est qu'il s'agit tout de même aujourd'hui de la plongée à -80 pour aller voir au-delà de la galerie basse le départ du second puits. 









Muffin serein... Binômes "Inspirés" Muffin, Serge & Jérôme

Quand nos camarades émergent la sérénité m'est revenu et c'est tranquilles que nous nous mettons à l'eau. Alain, Jérôme et moi plongeons avec Serge. Jérôme passera en premier puis Alain et moi après un délai rejoindrons Serge pour qu'il n'attaque pas vraiment les paliers. Comme il plonge en circuit fermé à PPO2 constante ses paliers finaux ne devraient pas excéder les nôtres au runtime. Quand vient mon tour je rejoins Serge vers -30 et veux effectuer le changement de gaz sur l'ordinateur VR3 que m'a gentiment prêté Claude Bénistand. Malheureusement son positionnement un peu haut sur mon avant-bras fait que, pour le mettre à distance correcte de mes yeux vieillissants, son écran ne me fait pas face. Or ce n'est pas le splendide écran Oled de l'OSTC d'Alain, mais un écran LCD ancien dont la luminosité et la lisibilité sous un angle même léger est vraiment médiocre. N'en n'ayant de surcroît pas une grande habitude je me vois mal jouer aux devinettes dans les menus. Je décide donc de m'en passer et de me contenter du runtime calculé et soigneusement reporté sur un scotch orange collé sur mon tuyau de manomètre. Il a été calculé avec une importante marge de sécurité, prévoyant jusqu'à 8 minutes de temps fond à -80 pour gérer un éventuel incident. 

Je suis Serge en conservant mes relais. Je les ai brêlés à la façon Bulle-Maniac, un élastique venant les plaquer contre moi sous les bras, et il ne me gênent vraiment pas, et vu le profil de la galerie quasi sans palmage... Même le bref passage bas à -59 ne suffit pas à les rappeler à mon souvenir. Je suis repassé devant et Serge, qui m'avait signalé qu'il progressait rapidement malgré le recycleur, me suit de près. Nous atteignons la galerie basse. Nous avons passé les -75 et je m'engage résolument dans ce boyau que je ne connais pas encore. Tout à coup des flash lumineux m'alertent ! Serge a passé sa lampe en mode "à éclats", il doit vouloir me signaler quelque chose. Je me retourne et essaye de distinguer ce qui se passe malgré le stroboscope. Je ne constate rien d'anormal et réalise qu'en fait c'est simplement pour faire la fête à Alain qui revient du puits et s'apprête à nous croiser ! C'est qu'il est joueur Serge... Je reprends ma progression et rejoins rapidement la tête de puits. Je suis sous le charme : l'eau est limpide et, malgré la faiblesse de mon éclairage (des lampes à LED 5W) je peux éclairer sans problème le fond 30 m plus bas. Tentant. Je me suis stabilisé au-dessus  et je profite de l'éclairage de Serge qui a abandonné l'ambiance boîte de nuit. Je contemple le spectacle une minute maximum et amorce le retour. Au bout de la galerie j'attaque la remontée après moins de 15 minutes, donc largement dans le temps mini prévu. La remontée sur un RT très sécuritaire sera longue avec des paliers d'une minute de -30 à -18 puis 2' à 15, 3' à 12, 5' à 9 et pour finir 16 à 6 sous oxygène pur. Le timer n'indiquant pas les secondes, pour être sûr j'arrondis systématiquement à la minute suivante. Au final je sortirai après environ une heure plongée. Paramètres : -80/66' avec un bi 12 litres Tx15/50 et 2 relais Nx40 + Oxygène pur à 6m.

On ne sait pas trop pourquoi on lui tape
dessus. Mais lui doit savoir !

De retour au gîte nous nous activerons au gonflage afin de stocker l'helium et l'oxygène restants dans toutes les bouteilles qui traînent, afin de ne pas rendre pleines les B50 qui ont de toutes façons déjà été payées. Autant dire que le booster et la poche font un service intensif. L'objectif est de pouvoir les rendre pas trop tard à Serge qui doit les ramener pour les rendre au gazier. Objectif non atteint !
     Enfin nous pourrons reprendre la route, la tête pleine de judicieux conseils et de belles images du deuxième puits. Bientôt nous recevrons une belle carte en plastique à 2400 € le kilo... Mais la carte ne reste justement que du plastique, ce qui compte n'est pas là mais dans ce que nous ferons de nos compétences augmentées et pourtant encore toutes relatives. Personnellement mon objectif n'est pas spécialement d'aller "taper les 3 chiffres" mais seulement de pouvoir, au sein de l'équipe de la CRPS RABA, intervenir utilement un peu plus loin en toute sécurité. Ce ne sera qu'un moyen pour des objectifs, dans le cadre des projets de la commission. Et pour cela je vais d'abord consolider mon expérience dans une zone raisonnable, à mon rythme.

Pour conclure je dirai que, s'il est vrai que du fait de la fatigue et du stress initial le moindre petit coup de bourre me faisait vite monter la pression, grâce à la bonne organisation et à l'encadrement patient et attentif, les plongées se sont cependant toutes faites dans la sérénité requise. La partie théorique était adaptée à nos attentes, répondant à des préoccupations concrètes, de même que la pratique en phase avec nos usages en souterraine, sans négliger pour autant  le cursus standard.
   Je me sens maintenant mieux armé pour, après une pratique "de consolidation", aborder les plongées plus engagées qui pourront se présenter dans le cadre de nos projets CRPS.
   Merci à l'organisation, à nos cadres éclairés (mêmes ceux en mode stroboscope, n'est-ce pas Serge ?) et à mes petits camarades pour leur bonne humeur et m'avoir supporté quand j'avais des poussées de stress !




Les photos sont de Michel Conte.


1 : Fiche cavité sur le site FFESSM-CNPS
    Fiche cavité sur le site de PlongéeSout


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