dimanche 20 février 2011

Topo dans l'eau d'en haut...

La journée n’avait pas démarré sous les meilleurs hospices : après une soirée de crémaillère la veille – très réussie au demeurant – j’avais ce matin la tête dans le seau. Je pars en retard après avoir vainement cherché une des sangles de mon harnais, que je me souviens très bien avoir mise de côté pour ne pas l’oublier. Oui, mézou ? Je pars donc déjà agacé, sous la pluie, me demandant ce qui pourrait bien parachever le tableau. Une mauvaise rencontre ? Voila : les photographes embusqués me tirent le portrait sous un pont de l’A46. Un peu plus de 100 au lieu de 90, sachant que cette voie a été limitée à 110 pendant pas loin de 20 ans et qu’elle est quasi déserte à cette heure-ci...

J’arrive à peu près à l’heure, compte tenu que JC a prévenu un peu tard que le rendez-vous serait cette fois à 10h plutôt que 10h30. Visiblement je ne suis pas seul à être resté sur l’ancien horaire, car tout le monde n’est pas encore arrivé. Ça me laisse le loisir de vérifier qu’une place correcte est libre en bas du chemin. Depuis la fois où, venu plonger seul, j’avais bataillé une demi-heure pour sortir le Kangoo du bourbier qui se forme dans le bas de la clairière, je suis méfiant ! Je me gare et commence à déballer le matos: Tiens ! Ma sangle bien rangée dans une palme ! Sylvie arrive, descend le chemin, descend la clairière, descend dans le champ... Ah pardon : elle glisse, nuance. Que tous ceux qui veulent se faire un masque de boue pousse la voiture, c’est bon pour la peau. Babar mobilise le 4x4, mais Claude s'étant mis au volant c’est presque devenu inutile :)))

Petit à petit tout le monde est arrivé. Pierre découvrira la cavité, tranquille sans mission. Sylvie et Philippe seront accompagnés par Babar. Les recycleux motorisés (Jean-Claude, Xavier, Baptiste) iront bosser loin pour poser de la cablette là où il en manque encore et compléter la topo. Enfin, ceux qui sont en scaphandre ouvert feront la jonction topo, entre ce que j’ai fait la semaine dernière avec Alain Cloteau et la partie faite précédemment par Babar et Manu. Manu d’ailleurs qui dispose d’un bi 10 et d’un relai 10, mais surtout Bonex1 powered, ira poser un bloc sécu avant les étroitures à 480 pour le retour des recyleux, puis commencera à poser le décamètre pour la topo. Nicolas n’a lui qu’un bi 7 et relai 7 : il m’accompagnera si possible au départ de la topo. Quant à moi, j’avais prévu d’aller loin et pour ça j’ai pris un bi 10 gonflé à 245 et deux relais 7 gonflés à 230. Avec ça j’avais normalement de la marge. Sauf que, depuis dimanche dernier, on est passé de l’étiage au niveau maximum : il n’y aura pas de portage éprouvant, mais on se prend 10 m de plus en profondeur... On verra bien.

Chacun se prépare à son rythme, monte les blocs, les porte au bord de l’eau. Je récupère une plaquette topo. Phase finale, je m’habille sur mon tapis, profitant que Sylvie me tourne le dos subjuguée par le briefing de Laurent pour faire un strip éclair. Babar ! Tu avais vraiment besoin de lui dire de se retourner pour mater mon c... ?! Incorrigible... Enfin nous nous retrouvons dans l’eau Nicolas et moi pour gréer nos relais et faire les vérifs, 4 lampes et 4 détendeurs en ce qui me concerne. Manu vient de partir. Nous traversons la vasque en surface pour nous immerger face à la falaise. Le début du fil est à aller chercher avec ce niveau d’eau ! La visibilité a pâti de la crue2 de cette semaine et est très moyenne, mais suffisante.

C’est parti. Nico ayant moins de gaz que moi je le laisse prendre la tête pour donner son rythme. Nous croisons vers l’entrée Pierre qui nous filme avec sa caméra montée sur le casque. Nicolas ne veut visiblement pas perdre de temps et palme énergiquement. Il faut dire qu’il ne vaut mieux pas trop traîner dans cette zone où nous atteignons les -26 m. Nous posons nos relais en même temps juste avant la première étroiture et reprenons la progression, remontant lentement. Je me dis que Nico va être juste en gaz, je m’étonne même qu’il ne soit pas déjà en limite d’autonomie. Je lâche mon deuxième relai pour passer sur le dorsal. Afin de rester proche de Nicolas je ne l’ai pas déposé, d’autant qu’il me gêne fort peu, bien plaqué sous mon bras par un élastique dans le style Bulle Maniac. Ça y est : Nico se retourne, visiblement déçu ne pas pouvoir rejoindre le départ topo, me montrant ses manos pour me signifier qu’il est grand temps pour lui de rentrer. Je lui fais signe que c’est OK et, tandis qu’il rebrousse chemin sans tarder, je continue seul vers notre terminus topo de la semaine passée, à 430 m de l'entrée.

J’aperçois le premier amarrage du décamètre et dégaine la plaquette topo. Je commence à enchaîner les mesures : cap, profondeur, haut, bas, gauche, droite. J’aperçois la lumière de Manu et lui fais un signe OK avec ma lampe de bras. Il repart, sans doute continuer la pose. Tandis que je continue mes relevés je le vois revenir. Il me fais signe qu’il est temps pour lui aussi de rentrer, me demande si c’est bon et, sur ma confirmation démarre sans traîner. Tout le monde fait fissa pour rentre aujourd’hui. Il faut dire qu’à cette distance et avec la hauteur d’eau du jour, il ne faut pas se faire piéger. Depuis tout à l’heure mon ordinateur m’indique avec constance 9 minutes de « nodec time ». Mais je sais bien que lors du retour les paliers vont apparaîtrent et que je risque même de manger sévère ! Je termine mon dernier point. Heureusement il manquait peu pour la jonction, seulement 32 m.

C’est à mon tour de passer en mode pressé : je décroche le décamètre et entreprends de le rembobiner. Contrairement à un fil métré sur un dévidoir il faut enlever au fur et à mesure les caouètches qui le fixent. L’un d’eux résiste, trop serré pour pouvoir le défaire avec les gants. Je ne veux pas perdre de temps et sors le sécateur pour trancher dans le vif ! Je finis de rembobiner et constate que Manu n’a pas laissé de mousqueton pour accrocher le déca. J’en ai de rab mais, ne voulant pas perdre de temps, je préfère prendre le chemin de la sortie en le tenant à la main. Première erreur. Je surveille les paliers qui commencent à augmenter. Voici mon relai qui m’attend. Je bataille un peu pour le raccrocher, ayant du mal à trouver mon anneau de ceinture. Peut-être des modifs de config à prévoir. Je suis reparti quand soudain je me sens retenu. Je constate rapidement que j’ai bêtement laissé tombé le décamètre, mais que celui-ci ne voulant pas m'abandonner s’est accroché à moi par son extrémité, que j’ai consciencieusement déroulée en avançant ! Je repars donc en arrière en lovant le ruban grossièrement – seconde erreur – sur une quinzaine de mètre jusqu’au décamètre. Je le saisi et tourne la manivelle pour ravaler ce serpent que je ne veux surtout pas voir flotter dans la galerie. Mais les boucles en tas ne l’entendent pas ainsi, se tordent et se coincent m’obligeant à trop de manipulations tandis que les paliers tournent... Je finis, blasé, sous le regard amusé de Jean-Claude qui revient du fond, par enrouler le bazar sur le carter en le coinçant fermement avec un élastique. J'aurais mieux fait de fixer l'extrémité au fil, de revenir au décamètre et de repartir en rembobinant sans risque de nœuds... Bon, vite direction la sortie. Quand je commence à remonter dans la vasque le verdict est sans appel : 34 minutes de palier à 3 m. :(

Je dépasse Baptiste et Jean-Claude qui commencent les leurs à 6 m, me trouve un emplacement confortable et pas trop touillé, et prends mon mal en patience. De temps en temps je me promène dans la vasque, longeant le bord pour tromper l'ennui, me réchauffer et améliorer ma décompression. Pour le froid cela reste très supportable malgré les 9° habituels et les presque 2 h (je sors après 108' de plongée) grâce à l'utilisation de la technique du paillasson : un paillasson à croisillons, en caoutchouc assez souple, découpé et sanglé pour me faire un plastron, emprisonne une couche d'air sur le torse en évitant le plaquage de la combinaison. La technique s'avère efficace, tant que l'on n'a pas besoin d'une grande mobilité, genre manœuvres sur cordes en post siphon...

Quand je sors de l'eau je vois 3 visages tournés vers moi. On me propose un deal : je leur file mes relais à remonter, et je retourne délester Baptiste et JC toujours au palier de leur relais et propulseurs pour gagner du temps. Je remonte 2 bailouts mais en fait ils sortent presque tout de suite derrière moi, malgré une plongée d'environ 3 h : ça a du bon la plongée à PPO2 constante ! C'est clair que si j'avais vérifié le niveau, et surtout pu gonfler avec un petit Nitrox 40, je me serais épargné bien du palier...

Le déséquipement et le rangement se combinent au report des relevés topo et à un point rapide sur l'avancement des travaux. Les jonctions faites donnent une continuité de la topo sur 1500 m. L'équipement est au diapason. Il restera dans la première partie à rééquiper et topoter le shunt, de préférence avec un niveau bas pour laisser ça aux circuits ouverts. La suite appartient aux pointeurs, avec le même niveau qu'aujourd'hui, mais quand la bulle aura été poussée dehors. En effet, à 1000 m au niveau de la cloche Bertrand Léger ça sortait dans une cloche sous pression (-9 m...) emprisonnée par une montée des eaux progressive dans la galerie étanche. Il faut maintenant une crue qui chasse la bulle pour pouvoir passer en plongée, plutôt qu'en exondé gênant la progression. L'inconvénient c'est que quand la bulle sort elle racle tout sur son passage, brassant le dépôt omniprésent, et annulant toute visibilité le temps que cela décante.

La suite bientôt !


1 La Rolls des propulseurs
2 La station hydrographique en aval du Groin à Artemare

dimanche 13 février 2011

J'ai plongé avec le GKPP !

 Pour une fois je cède à la facilité en insérant un compte-rendu d'Alain Cloteau, suivi de celui d'Alexis Carreel.
Je me suis quand même permis d'insérer quelques commentaires...

Le Groin, le 13 février 2011,


Impressions d’une excursion dominicale de topographie spéléosubaquatique


Ma phase grippale étant terminée, je réponds à l'invitation de Jean-Claude d'aller se mouiller au Groin. Ce qui est aussi l’occasion de se mouiller le groin…
Un coup de téléphone vendredi à l'autre Alain et le covoiturage est organisé. Comme souvent la logistique se met en place : "Heu t'aurais pas un peu d'air, je n'ai pas eu le temps de gonfler mes blocs, il est vrai que je suis arrivé à la fermeture du Vieux et Thierry était pressé… J'ai appelé Babar mais… Pas de problème Alain, je peux te prêter ma gueuse, un bon bi 10 de chez Roth du maousse costaud, tu pourras même enlever du plomb… ". Rendez vous est pris à 8h45 dimanche chez moi.

8h45 dimanche, j'ai chargé le CCrosser. Mon matos, avec la boîte jaune (Nota : une énorme malle pour loger le recycleur Inspiration Buddy) et 2 secours alu 7 litres d'air, prend la moitié du coffre banquette rabattue. A 9h00 Alain est là, en avance comme souvent. Humour facile ! ;) Après un rapide transvasement du kangoo et le chargement du bi 10 et d’une 7 litres nous partons à 9h10. Très réveillé, je réussi à me perdre à 5km de chez moi. Il est vrai que d’habitude en semaine c’est noir de monde, et là il n’y avait personne… la journée va être dure, je le sens.
Après Artemare, sur la petite route qui mène au Groin, nous croisons (manquons de percuter…) Baptiste en sens inverse. Il y a des travaux, il faut passer par en haut, et hop demi-tour.
Sur place, il y a du monde. Jean-Claude1, Manu, Babar, Nico, Sylvain, Baptiste et Alexis sont déjà là. Le niveau d’eau est bas, hou la la ! Un touret de cablette inox est sorti. Un dévidoir de compétition de type F1 (pour le prix) en est garni. La discussion sur la meilleure technique à utiliser pour topographier, initiée sur le forum, se poursuit sur place. Entre temps, Xavier2 et Jean-Louis3 sont arrivés. Nous voilà 11 sur place, ce n’est plus la CRPS Raba c’est le GKPéPé4 (pour certains …).

Les équipes sont constituées. Je reforme avec Alain le Gang des Lyonnais. Je n’ai que 60 bars d’oxy et Alain n’a pris qu’un relais, notre objectif sera donc adapté. Notre mission, que nous avons acceptée, sera de reprendre la topographie entre 370 et 430 m dans la continuité d’Alexis et de Nico. La technique que nous avons choisie (en fait qu’on nous a fortement suggérée compte tenu du matos disponible) reposera sur l’utilisation d’un « décamètre d’ariane », cela peut surprendre mais c’est somme toute pratique.
Le matériel est progressivement acheminé au bord de la vasque. Les premiers sont déjà partis, quand nous commençons à nous équiper. Je commence à mettre la combine, ou plutôt à l’enfiler, compte tenu des difficultés que j’ai à la mettre, elle me serre, me serre partout. Horreur, lorsque le premier pied daigne arriver dans le bottillon, c’est la noyade. Le deuxième se noie aussi. J’ai les chaussettes pleines d’eau. J’aurai du réfléchir avant d’emprunter la combine de Damien, car il a dû par nécessité laver l’intérieur dernièrement, et la faire sécher à l’avenant. C’était ça ou prendre la mienne et risquer comme la dernière fois de prendre l’eau par les gants, pas si étanches que ça. Je vais me les geler !
Nous voilà, Alain et moi, dans la vasque. J’arrive à peine à respirer et je ne peux presque pas bouger, tellement que je suis serré. Je comprend pourquoi Damien qui est un tout petit, vraiment tout petit, plus gros que moi, en ch… à chaque fois. La fixation en « coté monté »5 de mes secours relève de Mission Impossible, j’arrive à peine à bouger les bras. Je suis essoufflé, ça promet… On se calme, on ventile, Alain est patient. Je suis prêt, nous y allons. Je passe devant. Je redécouvre la galerie que je n’avais pas plongée depuis deux ans. Maintenant que tout à pris sa place, je suis mieux dans ma combine. Passé la zone d’entrée, l’eau devient claire. Ce n’est pas le Diable6 quand même, mais c’est sympa. Le parcours est toujours aussi varié et la roche très travaillée. Le Buddy ne racle pas plus qu’un bi 10 dans les passages étroits. Le setpoint est à 0,7. Tout est vert ça baigne. J’oublie le Buddy, je sais ce n’est pas sympa pour lui. Nous trouvons moins 15. Nous croisons le team Babar/Sylvain, puis le team Alexis/Nico qui rentrent, puis un Bonex7 qui promène Manu. Nous suivons la cablette, ça y est, voilà l’étiquette « fin de topo » de l’équipe précédente. Alain caouètche le décamètre et part vers le fond en le déroulant. Il le fixe à chaque changement de direction. Je le suis en prenant les azimuts sur le décamètre. Je suis surpris, j’arrive encore à lire le compas (GKPépé s’inquiétait de sa presbytie…). Le repérage des distances est super facile. Je reporte profondeur, azimut et distance de chaque poste sur la plaquette. Un dinosaure nous croise. Je rejoins Alain. Il a fixé son étiquette « fin de topo ». Il a de la marge sur ses quarts. Alain rentre en rembobinant le décamètre, je le suis. Un coup d’œil sur la jauge, hou il y a juste assez d’oxy pour rentrer. Les quelques passages plus ou moins étroits se passent bien, car ils s’anticipent plus facilement au retour. Je donne un petit coup de main à Alain pour la reprise de son relais, pour cause d’élastique à bulle maniaque. Nous reprenons le chemin du retour. Arrivés dans la zone d’entrée, Alain est ébloui par mon OSTC8, j’aurais du l’éteindre, il est vrai, ça dénote toutes ses couleurs dans cette eau chargée. Nous sortons après 97 minutes de plongée.

Super, les copains sont là. Nos relais sont remontés illico-presto, enfin presque presto, c’est raide et ça roule sous les pieds, merci encore à eux. Heureusement une corde à nœuds nous attend. L’enlèvement des palmes relève de mission impossible tant je suis engoncé. Nous sortons de l’eau. Le chemin de croix commence. Je suffoque, j’halète, je souffle, je ressouffle, j’arrive en haut du ressaut, je m’arrête une nouvelle fois. Un esprit malin, me questionne, ça va ? Oui…oui, je profite du paysage, tu parles ! Bon, nous arrivons aux voitures. Le déséquipement commence. Après avoir extrait au forceps mes pieds des bottillons, constat est fait, je n’ai plus d’orteils, je les vois, mais je ne les sens pas. Il est presque 16 heures, c’est le moment de casser la croûte. Hum, je me fais une bonne soupe de pâtes chinoises. Jean-Louis trouve qu’il allait plus vite en bi 20 et 2 relais 20 que maintenant avec son recycleur. Je pense qu’il a en partie raison, ce n’est pas la fuite du temps, c’est comme les combinaisons de plongées qui rétrécissent, il faut faire avec. Xav et JC arrivent, nous descendons leur filer un coup de main. Tout le monde est remonté, les topos sont recopiées pour que JC puisse les saisir en informatique. Les objectifs ont été atteints. JC est content, et nous quand JC est content on est content aussi. Mes orteils retrouvent leur sensibilité, hou ça piquouille. Il commence à se faire tard, il est temps de rentrer.

On se sépare, à la prochaine, quand le niveau d’eau sera plus haut. Si c’est nécessaire pour la prochaine pointe des warriors, pour les autres, cela leur permettra de moins se fatiguer, on n’est pas des bêtes quand même.

Ben moi, entre temps, mercredi je vais aller faire de la vraie plongée… à la fosse de Meyzieu avec mes canards, histoire de me reposer.


Alain Cloteau, du GKPépé Team RABA

qui a, depuis dimanche, des raideurs qui se sont déplacées… dans les épaules.


1 Jean-Claude Pinna, Chef de projet pour le Golet du Groin.
2 Xavier Méniscus, le plongeur de pointe de la commission RABA.
3 Jean-Louis Camus, un des principaux explorateur de la source, dont le terminus à 2100 m. a tenu depuis une quinzaine d’année jusqu’à présent…
4 Le GKPP (Gorfoli Karst Plain Project) est un groupe connu de plongée souterraine.
5 "Côté monté" : traduction littérale propre aux GKPépés de "side mounted", qui désigne le portage latéral des blocs.
6 Cavité du Vercors habituellement limpide. Et tout aussi froide…
7 Le Bonex est un propulseur haut de gamme, très compact avec ses batteries de dernière génération.
8 Son nouvel ordi trimix avec un écran Oled couleur très lumineux. Un achat que j’envisage moi-même de plus en plus...




Topo de 250 à 350m par Nicolas Massol et Alexis Carreel


          Covoiturant avec Baptiste, nous arrivons au parking à peine devancé par les gens de la Yaute et suivi de près par les Lyonnais. J’attends la fin des débats et le début du briefing pour savoir définitivement ce que je vais faire, avec qui et comment. Ce sera donc la topo de 250 à 350m avec Nicolas en déroulant du fil pentamétré au dévidoir. Nicolas plonge en bi-7 & relais 7. Plus gourmand, je serais en bi-10 & 2 relais 7, la peur de manquer sans doute…

          Les deux Alain devant débuter leur topo où nous arrêterons la notre, nous pourrissons la vasque les premiers. J’attends un peu mon binôme qui cherche en vain dans le gravier son élastique de tour de cou, qu’il a autour du cou, et qui une fois équipé aperçoit son baudrier de plomb sur le bord de la vasque. Enfin prêt, Nicolas part devant avec le dévidoir et je le suis avec la plaquette topo. Au premier passage un peu étroit, je m’y reprends à trois fois pour passer avec mon bordel.
          Le repère évident de la précédente fin topo, qu’on ne connaissait pas mais qu’on nous a patiemment réexpliqué, étant clairement évident, nous débutons la topo. Nicolas galère un peu pour amarrer son fil et j’ai bien le temps de prendre les points topo. Je m’écrase au fond de la galerie pour laisser passer un premier Bonex (manu). Quelques minutes plus tard c’est au tour de Jean-Claude de passer en râlant contre notre fil topo, suivit de près par Xavier. Je me plaque dans un virage pour les laisser passer puis je prends le temps de me réhabituer à la pénombre de mes lampes (certains ont en éclairage la puissance de feu du Parc des Princes...).
          Une fois au bout du fil, Nicolas pose le dévidoir et fait demi-tour. Ayant encore beaucoup de gaz, je finis tranquillement les relevés et rembobine le fil. Je croise Baptiste 50 mètres plus loin, heureux d’être débarrassé de ce fil en trop en plein milieu de la galerie. Sur le retour je croise la relève, les deux Alain qui vont poursuivre la topo. Dans ce sens, l’étroiture passe toute seule. Je fais surface après 88 minutes de plongée, les doigts un peu engourdis au niveau des trous dans les gants.

          Je finirai la journée en remontant 15 000 € de propulseurs.

Alexis

dimanche 6 février 2011

Chinoiseries souterraines

J’avais déjà proposé à Yves de continuer son retour à la Sout’ en lui faisant visiter d’autres sources proches, notamment dans l’Ain. Car il faut battre son frère tant qu'il est chaud, et se mouiller le chinois avant qu'il n'ait froid ! C’est ainsi que je l’ai convié, en ce lendemain de la Passerelle apnée, à aller se taper un museau de cochon ! Cela signifie - en langage codé – aller plonger au Golet du Groin (à ne pas confondre avec le Groin du goret). Ça ne veut pas dire dire qu’il est gaulé comme un goret !

Le Groin est une charmant résurgence vers Artemare (au nord de Belley), plus connue pour la pratique du canyon que pour celle de la plongée. Et pourtant. C’est ainsi qu’il est courant, à la belle saison, que d’innocents promeneurs croisent de curieux personnages en néoprène : certains ont des grosses godasses et des cordes, ils partent vers l’aval ; d’autres encore plus incongrus s’affublent de casques, palmes et lourds scaphandres pour partir vers l’amont souterrain. Question type du promeneur sus-nommé : « Mais vous plongez... là ?! ». On sent bien qu’il préférerait, pour sa tranquilité d’esprit qui refuse l’idée que des aliénés se promènent en toute liberté, qu’on lui réponde que non. Mais si. Un de ces jours il faudra que l’on mette un panneau « Attention plongeurs » pour prévenir les âmes sensibles.
Pourtant la vasque est belle. Elle occupe le fond d’une petite reculée, captive d’un éboulis de gravier qui descend à la rencontre de la roche. Le niveau d’eau peut varier fortement, d’une dizaine de mètres entre le niveau d’étiage et celui qui lui permet de couler à travers les rochers moussus qui surmontent l’éboulis et marquent le début du canyon. Au plus bas la surface peut se réduire à une douzaine de mètres carrés, tandis qu’au plus haut le bassin fait facilement 20 m de diamètre. Surtout, pour le plongeur, dans le premier cas le portage du matériel sera une plaisanterie mais la profondeur atteindra les 26 m, tandis qu’à l’étiage la descente – et surtout la remontée - du matériel sera une épreuve compensée par une ballade à seulement -15 m.
Nous sommes aujourd’hui quasiment à l’étiage. Il faudra porter, mais nous serons beaucoup moins limité en autonomie durant la plongée. Nous commençons donc à acheminer le matériel au bord de l’eau. Outre nos ori-peaux de néoprène étanches habituelles, et les accessoires lumineux et redondants, nous plongerons : Yves avec mon bi 9 litres et un relai, moi avec un bi 10. Yves est prévenu, aujourd’hui ce ne sera plus seulement ballade, mais on va bosser ! L’heure et demi de route a été mise à profit pour un briefing détaillé... Je mets en place une corde d’escalade du sommet de l’éboulis jusqu’à l’eau, et qui associée à une luge (oui, oui : un truc piqué à un gosse) nous aidera tout à l’heure à remonter une partie du bazar.

Je guide Yves jusqu’au départ du fil, et je le laisse passer devant. J’observe comment il suit le fil, son positionnement par rapport à celui-ci, son examen attentif de l’état, etc. La visibilité est moyenne mais correcte. La roche ici est recouverte d’une fine pellicule d’argile, qui ne demande qu’à se mettre en suspension dans l’eau à la faveur d’une maladresse. Yves est attentif, sa stabilisation bien évidemment sans reproche (le moins que l’on puisse attendre d’un MF1 émérite ☺), et il a d’emblé adopté le palmage dit « frog-kick ». Cette méthode de palmage, façon brasse, permet de moins soulever les sédiments sur le fond de la galerie. Je lui ai demandé d’être critique avec le fil en place et il se propose 2-3 fois de rattacher des amarrages qui semblent avoir lâché. Mais je le vois dubitatif, ne voyant visiblement pas où ce caoutchouc libre pouvait bien être accroché ! C’est que certaines section du fil (en fait ici une cablette inox) ont été complètement repositionnées dans la galerie pour améliorer le cheminement : les anneaux de chambre à air ont été laissés sur le fil mais ne sont plus du tout à côté de leur point d’ancrage initial... Je lui fais signe d’oublier et nous continuons notre progression. Nous avançons dans une sorte de canyon étroit, surmonté en plafond d’une faille horizontale qui s’éloigne parfois sur le côté d’une dizaine de mètres. Un passage plus loin oblige à se glisser dans cette faille par une étroiture relative. Relative parce que, si on observe bien le passage (mais ce recul demande l’aisance que donne la pratique) on peut le négocier de différentes manières. Yves est un peu trop ‘le nez sur le fil’ et il suit celui-ci avec difficulté, tandis qu’un mètre avant je suis passé en douceur... Il me voit arriver et réalise l’alternative. Le métier rentre Padawan !
Presque tout de suite après il est temps pour Yves de laisser son relai, nous sommes à environ 200m de l’entrée. Dépose et reprise du relai sont effectivement partie intégrante du programme du jour. Il le décroche sans problème et hésite un peu sur la façon de l’accrocher. Je lui montre comment utiliser la configuration du terrain pour l’accrocher sans risque au fil, tout en étant sûr de ne pas le rater au retour. Plus léger, il reprend sa progression. Tout à coup Yves s’arrête, perplexe. Nous sommes arrivés à un carrefour, celui du shunt (une galerie parallèle) qui débute à 270m de l’entrée. Le fil que nous suivions depuis un moment à main droite continue de même en remontant, mais un autre fil part à gauche. Celui-ci n’est pas raccordé au fil principal que nous suivons et, le temps que Yves intègre la donnée et se remémorre le briefing à ce sujet, nous repartons.
La remontée progressive depuis le point bas de la galerie, atteint très vite après l’entrée, s’accentue. Nous sommes maintenant à 5-6 m de profondeur. A environ 300m de l’entrée je lui fais faire demi-tour. Pour sa première fois dans cette cavité c’est bien suffisant. Surtout je prévois qu’il aura très froid aux mains le temps de rentrer, car il n’a pas pris de gants pour être plus habile de ses doigts dans les exercices prévus. Le retour lui permet d’observer de fort belles volutes d’argile résultant de notre passage, notamment là où il a posé le relai. La récupération de celui-ci se fait sans souci et nous progressons vers la sortie.
Environ 40m avant celle-ci je l’arrête et lui montre une direction à suivre sur la droite. Invisible en suivant le fil se trouve une galerie que je sais ne pas être équipée. Ce sera le lieu de l’exercice de fil : je lui tends mon dévidoir afin qu’il pose un fil de progression en respectant les consignes. J’observe ses choix et corrige si nécessaire au fur et à mesure, en m’efforçant de lui montrer ce qui oriente la décision. Essentiellement il s’agit de ne pas choisir compliqué pour attacher son fil quand une option simple est à portée de bras. Ne pas non plus couper inutilement la galerie : quand on reviendra un fil à travers est un obstacle, obligeant de plus à changer de main pour le suivre. Il ne faut pas oublier qu’au retour la visibilité se sera peut-être annulée ! C’est un exercice, mais pas seulement : nous n’avons que ce fil qu’il pose pour retrouver le chemin de la cablette qui mène à la sortie... Pour une première fois cela suffira, j’interromps l’exercice et lui fais signe de rembobiner. C’est l’occasion de constater que le maniement du dévidoir n’est pas inné.Nous avons rejoint la galerie principale, je vérifie qu’Yves sait bien dans qu’elle direction partir et nous rejoignons la vasque. Pas de halo de lumière pour cette fois, car entre l’heure tardive de notre mise à l’eau, et l’encaissement de la source il fait déjà nuit pour nous. Je récupère la luge que j’avais coincée sous l’eau.
J’aide Yves à se déséquiper et nous chargeons la luge avec son bloc relai et le plomb. J’amarre le tout, l’accroche à la corde, et nous entreprenons de remonter nos bi. J’entends mon camarade qui souffle derrière moi, découvrant "le petit inconvénient" du Groin. C’est que dans le gravier, chaque pas fait péniblement vers le haut, arraché douloureusement à la pesanteur, est immédiatement sanctionné d’un petit recul dû à l’appui fuyant... En fait la remontée, qui d’en bas semble pourtant déjà conséquente, est à considérer comme faisant en fait une fois et demi ce qu’elle paraît ! Au moins ça réchauffe. Arrivé à la voiture nous nous déchargeons de nos fardeaux et reprenons notre souffle. Puis nous retournons chercher ce qui reste, tirant la luge avec la corde.

Enfin nous pouvons nous changer et retrouver le confort de nos habits civils. Yves me donne ses premières impressions. Il a beaucoup aimé, voire plus que la Tannerie à Bourg St-Andéol, appréciant particulièrement la diversité d’aspect de la galerie. La roche très travaillée par l’eau offre de nombreuses sculptures, qui se révèlent dans les jeux d’ombre et de lumière. Il est emballé et moi satisfait, heureux de sa joie qui promet une suite : il en veut encore !
Le retour sera l’occasion du debriefing, nous le continuerons dans une pizzeria apparue fort à propos sur notre route, aubaine du dimanche soir pour les gorets du Groin (nous sommes cracra).

Dans le cochon tout est bon,
Au Groin nous reviendrons !

samedi 5 février 2011

Passerelle apnée



Samedi 5 février 2011, Piscine du Tronchet.



Yves et moi sommes allé participer à la passerelle mise en place par la Commission Apnée du Rhône. Créée il y a 2-3 ans elle s'adresse aux cadres de la Commission Technique, afin de leur apporter un complément de connaissances et de méthodes, pour exercer plus efficacement leurs prérogatives d'enseignement de l'apnée. En effet, de l'initiateur au MFn, les cadres techniques sont d'office au premier degré de cadre apnée : l'initiateur C1, qui peut valider les 2 premiers niveaux d'apnée. Or, même si leur formation leur donne quelques billes pour éviter les grosses erreurs, rien ne remplace une formation ciblée.

Nous avons donc suivi, lors d'une longue matinée chargée, une préparation dans l'eau et en salle, sous la houlette éclairée de Nicolas Depelchin. Nicolas est le Président de la Commission du Rhône et moniteur d'apnée. Cette formation, dont c'était la première partie, s'achèvera bientôt par une demi-journée à Chamagnieu, pour travailler plus spécifiquement sur l'enseignement de l'apnée en profondeur. Ceci devrait nous permettre de dispenser un enseignement de cette discipline, à la fois plus sécuritaire et plus efficace.