dimanche 13 mars 2011

Plongée de masse sur le France


Foin du Groin, ce dimanche je trempe mes palmes sur l'épave du France. En effet la sortie au Groin initialement prévue le dimanche a été avancée au samedi pour cause de météo menaçante. Encadrant toute la journée à mon club d'aviron je ne pouvais plus en être, et me sentait déjà sécher ! Heureusement Laurent "Babar" Bron m'amène le plan B sur un plateau. En effet il organise ce dimanche une plongée comémorative sur le France pour les 40 ans de son naufrage. Le naufrage du France, pas de Babar ! Initialement il avait été envisagé de faire appel à 40 plongeuses. On le sait les conditions de cette plongée ne sont pas des plus faciles : 40 m en pleine eau non pas "dans le bleu" mais "dans le noir", 5° au fond été comme hiver, la seule lumière est celle des phares... C'est pourquoi, afin de trouver un Directeur de plongée qui accepte de s'engager pour plus de 40 personnes sous l'eau simultanément, des exigences minimales avaient été fixées : niveau 3 minimum, habitude de la plongée en lac, et maîtrise confirmée de la combinaison étanche. Rapidement un objectif plus atteignable de 20 binômes mixtes est décidé. Il sera presque atteint. Parallèlement à ces 40 plongeurs évolueront en complète autonomie 2 binômes vidéo -- dont Xavier Meniscus et moi-même -- ainsi qu'un binôme photo. Soit 46 personnes en tout !

Etant donné le rendez-vous matinal à 8h j'ai accepté la proposition de Laurent de dormir chez lui. Xavier fera de même. Je prends donc la route samedi soir après avoir fait gonfler mes bouteilles au Vieux Campeur (merci Viviane), et chargé le Kangoo façon bétaillère. On est encore dans les départs en vacances et ça coincera un peu pour rentrer dans le tunnel de Dulin, puis un fort ralentissement après. Passé Chambéry la circulation redevient fluide. Je rejoins mes camarades vers 20h et la soirée se passe entre les pizzas et la mise au point pour le lendemain. Xavier me raconte la plongée au Groin la veille : la cloche n'a pas encore été évacuée, limitant les avancées à du nettoyage et du raboutage de la cablette, d'autant qu'un courant important faisait même peiner les Bonex... On régle les détails administratifs (papiers, certifs) et on prépare la caméra et ses éclairages. Deux spots très puissants à LED seront fixés sur le caisson et j'assurerai un éclairage d'appoint plus focalisé avec le phare HID de Xavier.

 
Depuis la Belle-Etoile © J-P Guerret

Après une bonne nuit de sommeil nous nous levons un peu avant 7h30. Rapide petit-déjeuner et nous nous rendons au lieu de rendez-vous sur le port, où sont mouillés les promène-couillons ! En effet c'est sur l'un d'eux qu'embarqueront Ali Babar et les 40 plongeurs, tandis que les vidéastes et photographes embarqueront sur un bateau de l'ASPTT avec le cameraman de FR3 et son assistant. A peine arrivé je rencontre des figures de connaissance. Il semblerait que les souterrains seront proportionnellement nombreux. Outre évidemment Laurent et sa compagne Josée, Xavier, sont présent(e)s : Manu et Cécile (qui ne plongera pas, ayant de son propre aveu un deuxième alien en approche...), Nicolas et Laurence, Olivier "Gros Quick" et Sandrine, Pierre. On est donc une dizaine de de souterreux ! On  commence à préparer le matériel, jusqu'à entendre un puissant "Briiiefiiing ! " qui  nous appelle à bord pour les explicatances. Babar expose le déroulement prévu : le bateau mouillera entre les 2 pendeurs qui ont été mis en place, mise à l'eau par les côtés des 2 groupes, répartition des plongeurs sur les pendeurs, procédures de regroupement, descente, mise en place au fond, remontée et paliers. Le DP expose lui les consignes de sécurité, évidemment très strictes. Plongée de masse, pas "à la masse" ! Enfin on nous présente les anciens, figures locales, notamment le premier à avoir plongé l'épave. Puis tout le monde retourne terminer ses préparatifs, tandis que le matériel de chaque plongeur est examiné pour vérifier sa conformité aux exigences minimales. Enfin le signal du départ est donné, beaucoup plus tôt que prévu dans le programme, car tout le monde est prêt.

Xavier et moi embarquons sur une petite vedette alu qui semble avoir une certaine réputation d'instabilité : "Quand vous sautez, avertissez bien pour éviter que l'on ne chavire.". Engageant. Nous sommes tous les deux en configuration souterraine : 2 blocs indépendants de 10 litres sur une plaque avec bouée dorsale, notre casque pour avoir notre éclairage perso tout en gardant les mains libres. Le trajet étant de l'ordre de 5 minutes je commence tout de suite à m'équiper. Arrivés sur place j'assiste Xavier qui se met à l'eau et lui passe la caméra. Tandis qu'il rejoint les nombreux plongeurs déjà dans l'eau je me charge de mon propre scaphandre, clampe les mousquetons du lourd accu MétalSub du phare HID en guise de relai, et m'immerge d'une belle bascule avant. Je rejoins Xavier qui fait déjà quelques images de surface. Les deux groupes se mettent en place et, après une dernière vérification "Tout le monde est prêt ?", s'immergent.



La descente se fait comme prévu assez lentement pour garder la cohésion des 20 plongeurs répartis autour de chaque bout. Xavier se déplace pour filmer et je fais le rémora, juste au-dessus de lui. Un des deux spots ne s'est allumé que partiellement et mon éclairage s'avère quasi indispensable. Ne pouvant me baser sur le faisceau trop diffus des spots je fixe le caisson pour évaluer la direction de la prise de vue et éclairer la scène. Quand je peux je me colle encore plus pour positionner le phare contre le caisson. Tout à notre mission l'expérience, notamment en conditions de visibilité réduite, nous autorise un certain détachement dans la gestion simultanée de la plongée elle-même. La stabilisation particulièrement, alors que l'on monte et descend relativement au groupe qui lui même progresse vers le fond, oblige à de nombreux ajustements. Une fois en bas cela devient plus confortable. Xavier fait des plans sur les plongeurs sous différents angles, puis sur le bateau. Comme convenu nous faisons un plan circulaire, nous positionnant au centre de la figure et tournant sur nous mêmes. L'attention fixée sur la cible à éclairer m'empêche d'avoir une vue d'ensemble, et la tête voudrait bien me tourner aussi mais je chasse la sensation et nous stoppons notre mouvement. Nous reprenons un peu de recul tandis que le groupe amorce sa remontée. Xavier filme encore le cercle de plongeurs autour du pendeur qui, maintenant en contre-jour avec la lumière qui augmente, apparaît plus nettement. Finalement nous arrêtons la prise de vue et, après un palier destiné aux ordinateurs les plus exigeants (ni le VR3 de Xavier ni mon vieux Suunto ne nous réclame d'arrêt) nous émergeons simultanément. En surface, pour les caméras et photographes des bateaux, nous faisons monter une clameur accompagnée de nos mains qui battent l'eau avec vigueur. Une "Eau-la", un baroud d'honneur pour l'épave 40 m sous nos palmes.



Nous rejoignons notre bateau et nous déséquipons rapidement. A côté les plongeurs réalisent que la remontée des équipement sur le haut navire à touristes n'est pas vraiment aisé. Il est finalement décidé que ce sont les bateaux de sécu qui récupéreront les scaphandres. Quant aux plongeurs eux-mêmes, bien que délestés de leur attirail, leurs tentatives de remontée à l'échelle qui pend sur le côté s'avère pathétiques, et très drôles de notre point de vue. Il faut dire que l'échelle est de corde et, malgré ses larges marches, le fait qu'elle ne soit pas collée à la coque mais s'avance du débord du pont rend son usage quasi impossible. Nous les laissons résoudre leurs problèmes et regagnons le port car les journalistes de FR3 doivent envoyer les rushs à leur rédaction sans tarder.

Nous avons déjà débarqué et commencé à ranger le matériel quand le gros de la troupe revient. Quand tout le monde est prêt et changé nous prenons la direction des tentes de réception mises en place de l'autre côté du port pour une petite cérémonie. J'ai la surprise d'y rencontrer Benoît de TrollSport qui avait encadré avec moi sur le stage N2-N3 de Thalassa l'an dernier. Il passait en VTT avec des amis, a vu des plongeurs... Sous les tentes sont installées une magnifique maquette du France au temps de sa splendeur, et une reconstitution fonctionnelle des machines avec les roues à aubes. La maquette d'environ 1m de long soigne le détail avec de nombreux personnages en costume d'époque. Les images de la matinée sont déjà montées et tournent sur un grand écran. Encore plus intéressant, on découvre une source de vin chaud fréquentée par des troupeaux de cacahouettes, que nous capturons et dévorons. L'homme affamé est sans pitié ! Inutile de dire que quand des sandwichs s'avancent, ignorant le danger, nous nous jetons dessus. L'organisation est vraiment à la hauteur, cela m'évitera de reprendre la route le ventre vide. Celle-ci se terminera sous la pluie, qui nous a miraculeusement épargnés malgré les prévisions. Excellente journée !




L'article du Dauphiné Libéré


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