samedi 5 mars 2011

Le Diable s'habille en étanche !

Vendredi matin la nouvelle tombe des téléscripteurs : un courriel de Babar propose une sortie au Diable. Sachant que son accès est soumis à autorisation, dans le cadre de la convention qui lie la CRPS RABA à la commune d'Echevis, l'occasion ne se refuse pas : Le Diable est une très belle cavité du Vercors 1, à la galerie travaillée et aux eaux généralement limpides. Ma dernière visite remonte à août 2009 et j'aurais plaisir à replonger ce très beau siphon !
Malheureusement il est trop tard pour que je puisse faire gonfler mes blocs au Trimix et Nitrox de déco. En effet le Diable plonge assez vite au-delà de −40 m, et j'aurais apprécié de prolonger ma précédente incursion stoppée à −41 (en bi 9 et relai 7 mal gonflés, loin de ma limite d'autonomie). Qu'importe ! Avec le bi 10 et un relai 7 (bien gonflés) je devrais déjà pouvoir pousser un peu plus loin, tout en restant dans les limites fédérales de -50 m maximum à l'air. Je prépare donc le matériel et mon itinéraire. En effet nous sommes la veille d'un samedi noir du chassés-croisés des vacances. L'autoroute de Grenoble étant proscrite, j'examine les alternatives : l'A7 devrait être tranquille et se révèle même moins cher (péage) malgré 15 petits kilomètres et autant de minutes supplémentaires. Mais finalement je retiens l'option "chemin le plus court" via les départementales : même si le temps de trajet augmente de 20 minutes, les 43 km en moins et l'absence de péage divisent - dixit Via Michelin - le prix par deux. Ne pouvant covoiturer j'adopte cette solution.
Samedi matin je suis exceptionnellement dans les temps. Il faut dire que le RDV est fixé à midi, et je compte 2h de route. Ladite route - via Diémoz, St Jean de Bournay, Roybon, Chatte, La Sône - se révèle d'ailleurs très agréable et je ne regrette pas un instant ma décision. Jusqu'à la côte St André... Là une déviation perfide m'égare dans une de ces zones industrielles, dont on connaît le talent à n'indiquer aucune direction utile sur leurs multiples rond-points. Je me décide à sortir le GPS et peux repartir après 10' d'errance. Bientôt, proche du but, je retrouve les routes connues. Je traverse Pont-en-Royans et Ste-Eulalie, et après les tunnels m'engage sur le chemin, tout de suite à reculons prêt à repartir, le demi-tour étant impossible au bout.
Pour information, la source du Diable est celle qui alimente à sa sortie des entrailles de la terre la très belle Cascade Verte. Il suffit de continuer la route qui descend pour y accéder, aux beaux jours la rivière accueille les baigneurs. Ses eaux sont captées dans la vasque du S1 pour alimenter Pont-en-Royans en eau potable.
Ça y est, je suis à pied d'oeuvre, tous les copains sont là : Babar, Xavier, Baptiste (généreusement venu faire du portage, ses sinus étant en grêve), Nicolas, Isa de retour de ses explorations au Laos, Karim et Philippe venus découvrir le Diable.
Rapidement on s'organise :
  • Nicolas ayant pu gonfler Trimix et Nitrox vise une profonde, histoire de se préparer à notre stage prochain de Trimix hypoxique. Il a un bi 10 Tx, une déco Nx et une autre O2. Babar l'accompagnera en recycleur.
  • Isa fera oeuvre de GPS (Guide de Plongée Souterraine, on ne l'appelle ni Tom-Tom ni Jean-Jean !) en emmenant Philippe et Karim.
  • Xavier et moi étant tous deux en bi 10 air + un relai 7, nous plongerons ensemble. Xavier connaît bien la cavité, puisqu'il en tient le terminus avec un point bas à -141 m. Je pense personnellement m'arrêter avant !
On attaque la préparation. Je monte les blocs, grée mon relai et le conditionne avec les palmes dans mon kit spéléo. Je fais un premier voyage jusqu'au S1 avec le bi et le dévidoir. Les bottes (gentiment prêtées par Karim) sont bienvenues. La rivière coule bien mais pas trop, le passage de l'échelle n'est pas arrosé et c'est très bien. Je dépose le bi dans la vasque, calé contre la roche, laissant libre le muret. De retour aux voitures j'attaque le sandwich pour tenir compagnie à Isa.
On finit de s'équiper, laissant le trinôme partir devant afin que Karim et Philippe découvrent la cavité avec la meilleure visi possible. Une fois dans l'étanche, chargé de mon lest et du petit matériel, je charge le kit sur les épaules et me dirige vers l'entrée. Nos trois camarades sont encore là et nous remontons ensemble la rivière. Arrivés au S1 (formalité de 10 m de long et 3 m de profondeur), Xavier vite prêt le franchit direct tandis que nos amis s'équpent dans la vasque. Je montre à l'amie de Karim le passage au sec qui mène entre le S1 et le S2, puis revient m'équiper à mon tour pour franchir le premier verrou. Le ressaut derrière le S1, malgré le bi 10 et le relai, se franchit sans encombre. Nous nous retrouvons finalement tous au départ du S2.

Après avoir laissé quelques minutes d'avance au trio, Xavier et moi nous immergeons. Je retrouve avec plaisir la belle roche de mon souvenir. Sur les 100 premiers mètres peu profonds (-10 maximum) se succèdent 3 cloches, et le départ d'une galerie parallèle supérieure qui rejoint un peu plus loin la principale. Après la descente est régulière jusque vers -40. Je suis Xavier, profitant de ses éclairages. son aquacité bien connue le rend rapide et nous rattrapons le petit groupe. Après une hésitation Xavier profite d'un passage large pour passer devant et je fais de même. Nous nous efforçons de préserver la visibilité pour nos suiveurs, et je limite le palmage me tractant sur les bras autant que possible. Nous sommes maintenant dans la zone sous les -40. La pente est moins forte et c'est graduellement que nous descendons. J'ai quitté mon relai sur son tiers vers 220 m pour passer sur le dorsal. Je suis Xavier à 3-4 m derrière, le regarde s'engager dans un passage où le plafond s'abaisse au-dessus d'un lit de sable grossier. Nous sommes à 320 m dans le S2 et 50 m de profondeur, mon ordinateur m'annonce déjà du palier à partir de 8m.
Je reste sur mon objectif initial et décide de faire demi-tour, laissant Xavier continuer seul. Ses limites ne sont pas les miennes. Pour ma première incursion ici à cette profondeur, même si je suis loin de ma limite des quarts sur le dorsal, je préfère m'arrêter là. Je sais bien qu'on a la même quantité de gaz, je consomme assez peu, s'il continue avec sa connaissance de la cavité je devrais logiquement pouvoir pousser encore un peu. Mais la barrière est psychologique. Ces barrières demandent à être passées l'une après l'autre : la prochaine fois j'irai plus loin l'esprit tranquille, parce que je connaitrai déjà cette zone. Rien ne presse. Je n'ai qu'une idée partielle de comment va évoluer ma déco le temps du retour, et je n'aime pas l'approximation dans ce domaine. Mieux vaut avoir trop de marge que pas assez
Je me dirige vers la sortie, constatant que malgré nos efforts l'eau s'est un peu troublée. Rien d'affreux, mais je me fustige un peu tout de même. Pendant ma remontée je surveille l'ordi qui me réclamera au final du palier à 9m. Normal. Le Favor m'indique des paliers de mètre en mètre, et je remonte ainsi graduellement au fur et à mesure que le temps les efface. Je croise Babar qui attend dans la galerie. Petit signe. Puis je croise Nicolas qui vient le rejoindre pour descendre ensemble. Il a dû partir tard. Je croiserai aussi Thierry - en humide - qui visiblement a dû arriver tandis que nous étions sous terre. Revenu dans la vasque du S2, après un peu plus de 40 minutes de plongée, le froid n'étant pas encore mordant je décide de repartir un peu. Le début de la galerie n'étant pas profond l'ordinateur ne devrait pas m'en vouloir. J'en profite pour passer cette fois par le bout de galerie supérieure, suivant le fil bien plus fin que dans la principale. Par un regard en plafond, ayant vu de la lumière dans l'autre galerie, je me glisse derrière Thierry qui remonte.
Nous sortons ensemble, échangeons quelques mots et rejoignons le S1. En humide et avec un petit bi il rejoins la vasque un peu en sauvage, par un passage dans lequel je ne me risque pas avec mes blocs. Quand je sors du S1 il crapahute déjà vers la sortie. Faisant le choix d'un seul voyage je mousquetonne mon kit laissé là, et ressors en gardant mon relai clampé. La fin du tunnel me vois déjà tirer fortement la langue... Après une pause j'entreprends bêtement de remonter de même, plutôt que de poser le relai pour revenir le chercher tranquillement. Quand on est c.., on est c.. ! Je rejoins la voiture un peu vidé, Isa m'aidant à me décharger de mon barda. La fin de mon sandwich m'apportera le réconfort.
Tandis que nous échangeons nos impressions en rangeant le matériel, nos camarades reviennent progressivement. D'abord Xavier qui est allé... un peu ploin que moi. Il a eu 55 minutes de déco : je ne regrette pas, la déco à 10° je préfère limiter. Puis c'est le tour de Nico et Babar. Nico est bien vanné aussi, mais visiblement très content de sa plongée. Ils sont allé à 350m et -55, trouvant que la visi s'améliorait après 300. Oups. Isa et les nouveaux diablotins sont eux allé à environ 250m, s'arrêtant avant les -40. Belle plongée pour leur découverte, ils sont d'ailleurs ravis.
Petit à petit tout le matos a rejoint les coffres et à un peu plus de 17h nous sommes prêts à repartir, en convoi. Pour faire rire Thierry bloquera en haut du chemin, son fourgon patinant tant et plus sur les feuilles humides. A deux reprises il recule un peu vivement, inquiétant Baptiste qui est entre lui et moi. Bat et moi lui laissons du champ, puis allons pousser pour l'aider à sortir. Le Kangoo 4x4 de Baptiste patine pour la forme mais s'extrait quand même bien mieux. Quant à moi ayant observé et tiré la leçon, je calcule vitesse et trajectoire pour sortir en limitant la manoeuvre pour tourner en sortie du chemin. Nickel. Finalement tout le monde se retrouve sur la route et peut rentrer. Mon retour personnel sera un peu plus direct qu'à l'aller pour la partie jusqu'à la côte St André, sur une route fort jolie. En fait je pense que je reviendrai par là, même sans samedi rouge : l'agrément comme le coût justifient amplement de partir un peu plus tôt. En plus, quand la journé a été fatigante, la monotonie de l'autoroute fait une dangereuse berceuse... Qu'elle aille au Diable !
Le Diable, c'est d'enfer !!!


Les photos sous l'eau sont de Yves billaud
1 : Fiche cavité sur le site FFESSM-CNPS
    Fiche cavité sur le site de PlongéeSout





Un autre point de vue :

Compte-rendu de la sortie au Diable du samedi 5 Mars 2011 par Karim Malamoud
Tout commence à la caserne de Saint-Egrève où je récupère un bi9 de Claude. J'y croise
aussi Thierry qui me prête la nouvelle Extreme Tech U11, en essais, avant d'être proposée
par Bubble Diving pour environ 300€ en version longue (4h pleine puissance, 20h en basse
puissance et avec des joints sur la bague tournante, évitant aux crasses de rentrer). Départ
avec  une  demi-heure  de  retard  pour  le  rendez-vous  fixé  avec  Laurent  (11.30  à  Pont-en-
Royans  puis,  12.00  sur  site).  Aucune  erreur  de  navigation  jusqu'au  trou,  malgré  la
description assez aléatoire de Laurent par lui-même: un dessin de Babar envoyé par mail la
veille. 
Il y avait donc Laurent, Xavier, Alain, Thierry, Nicolas, Philippe et moi, tous en ouvert, sauf
Laurent.  Il  y  avait  aussi  un  porteur  de  luxe  pour  les  2'15"  jusqu'à  la  porte  :  Baptiste.  Ma
copine avait aussi tenu à être du voyage, histoire de voir. 
Un peu de débardage pour se réchauffer et pour pouvoir faire demi-tour et une grosse heure
de grignotage-bavardage-préparation-bidouillage avant de se mettre à l'eau.  Il fut  convenu
que les débutants (Philippe et moi) partiraient en premier avec Isa, suivi de Xavier et Alain,
Nicolas  et  Laurent,  et  Thierry,  aussi,  quelque  part  au  milieu.  Evidemment,  des  débutants
suivis par un Minibus, c'est un peu comme une carpe suivie par un espadon, donc l'ordre s'est
vite inversé. 
Magnifique plongée, telle en est ma conclusion. C'était ma cinquième, donc d'autant plus. La
lampe prêtée par Thierry est impressionnante d'efficacité et la moyenne puissance (me) suffit
largement pour une eau bien claire et un siphon de cette taille. Seul bémol : je l'avais mise
sur mon bras droit… et le fil est à droite à l'aller. Quant au retour, un plongeur évoluant dans
l'autre sens me l'a "arrachée" du bras aux alentours des 100m.
Nous faisions surface après 35min de plongée et un demi tour vers -40m dans la zone des
250m. Xavier et Alain sont allés dans les 300m vers -50m, idem pour Laurent et Nicolas (il
me semble que le VR3 de Laurent est tombé en panne, vive Aladin…). Aucune nouvelle du
plongeur-campeur-piqueur de lampe, mais le camping-car qui bouchait le passage est bel et
bien reparti après d'autres bavardages et une petite séance photo laotienne de la part d'Isa.
En d'autres termes, je n'ai aucun souvenir des paramètres de Thierry… toutes mes excuses.

A bientôt,
Karim.

Aucun commentaire: