dimanche 2 janvier 2011

Plongée digestive

Certains, les lendemains de réveillon, optent pour le classique grass'mat' + café et (pour les plus aventuriers) promenade dans l'air frais. Nous sommes quelques uns à user d'une méthode, j'en conviens moins conventionnelle, très efficace : aller s'enfoncer sous terre, après une marche harassante accablés de lourds fardeaux, en traversant des boyaux sombres noyés d'une eau glacée...

Bien sûr ça c'est le point de vue des observateurs. Les mêmes qui songent à nous faire interner. En fait la marche d'approche est une promenade vivifiante sur un charmant chemin enneigé dans les bois, les boyaux sont de charmants siphons et les entrailles de la terre de ravissantes galeries ou coule joyeuse la rivière souterraine !
Tout ça pour dire que nous sommes, en ce matin du 2 janvier 2011, au départ des Grottes de Banges :
  • Babar dont c'est le fief. Je le soupçonne d'en avoir fait sa garçonnière.
  • Gros Quick : de toutes manières les invités ont tout fini et il ne reste plus rien à manger. Peut-être reste-t-il un vieux tube de crème de marron des anciens qui traine encore dans la galerie ?
  • Bonex, que ses parents avaient curieusement baptisé Alexis. Ils faut dire qu'ils ne l'avaient alors pas encore vu palmer ;)
  • Un ami d'Alexis, que j'appellerai le Parisien car j'avoue avoir oublié son nom, déjà rencontré quand je préparais l'IASS à la Douix de Châtillon.
  • Muffin, qui ne se souvient plus très bien pourquoi il est là. Ça pique...
Deux équipes se forment, n'ayant pas les mêmes objectifs. Alexis fera faire à son camarade (qui a des impératifs horaires) une visite éclair jusqu'à la galerie de l'Eden, tandis que les 3 autres auront une mission photo dans l'intersiphon S4-S5. De toutes façons le Gros Quick est intrinsèquement incompatible avec tout impératif horaire.

La première équipe ne traîne pas, ayant déjà fait un premier portage à l'entrée de la grotte en nous attendant. Ils s'enfoncent sous le porche alors que nous sommes encore en train de nous habiller et de croquer dans les sandwichs. Sandrine, madame Gros Quick qu'elle connait sous le sobriquet d'Olivier, est venu nous donner un coup de main. Quand nous sommes enfin prêts nous prenons le chemin du fond de la grotte tandis que Sandrine redescend nos affaires sèches aux voitures. Dans la galerie nous pourrons observer de près 2 chauve-souris endormies, ce n'est pas si souvent.
Arrivés au Lac des Touristes nous constatons que le niveau est tout à fait habituel, avec environ 40 cm d'eau qui coule entre le S4 et le S3. Il faut rappeler que cette grotte est un regard sur la rivière souterraine, dont l'exutoire se fait un peu plus loin à la grotte des Eaux Mortes. Nous prenons les lests laissé là à demeure (toujours ça de moins à porter), faisons les dernières vérifications et nous immergeons. La visibilité n'est pas extraordinaire, mais il est vrai qu'à Banges je ne viens pas tant pour les siphons que pour les intersiphons de toute beauté. Le passage du S4 est une formalité et nous émergeons au départ du canyon que parcourt la rivière.
Nous remontons la rivière, enjambant un bloc, se faufilant derrière un autre, pour arriver à la cascade où le S5 se déverse. L'échelle métallique est toujours bien en place, le passage se fait aisément, et nous voici au départ du S5.

L'objectif est simple : nous manquons de photos de cette partie que nous passons généralement d'une traite jusqu'à la sortie de S5. Afin de pouvoir illustrer une future fiche-cavité nous allons pallier à ce manque en nous efforçant de bien montrer le cheminement dans la rivière. Olivier sera le photographe Hamiltonien qui s'efforce de maîtriser les célèbres flous (ici dus à la vapeur d'eau), Laurent sera l'assistant éclairagiste, et moi je m'efforcerai de remplacer la jeune fille évanescente. Vous vous dites "Whaaa... Il fait le mannequin !", mais en fait il y a baleine sous gravillon. L'arnaque c'est que le modèle doit garder ses bouteilles et tout le matos sur le dos, pour faire plus vrai, tandis que les 2 autres posent tout leur barda sur la plage de la vasque du S5. La rançon de la gloire...
Je vous résume la technique : Olivier avec un appareil compact classique (dont le flash ressemble ici à un lumignon du 8 décembre seul sur une façade) prend la photo tout en m'éclairant avec un flash puissant déclenché via une cellule par le flash intégré de l'appareil. Moi je prends la pose dans la galerie, de face ou de dos, en éclairant derrière moi avec un autre flash déclenché par le gros flash d'Olivier. Vous suivez ? Ne vous perdez pas parce que ça continue : mon flash déclenche celui tenu par Babar plus loin dans la galerie, afin de donner encore plus de profondeur. Bien sûr nous dissimulons les flash eux-mêmes, voire même parfois le Babar porte-flash qui se met hors champ, ou planqué dans une anfractuosité. On imagine mal la timidité des ces petits animaux cavernicoles. Et cette cascade de 4 flashs fonctionne relativement bien, grâce au talent des deux opérateurs qui
n'en sont pas à leur coup d'essai.

Nous multiplions les prises, sachant bien qu'il y aura nécessairement du déchet. Il est difficile dans ces conditions de vérifier avec certitude la qualité du cliché. C'est parfois seulement en visualisant sur l'ordinateur que l'on constate que la mise au point ne s'est pas faite, ou pas là où on le pensait. On multiplie aussi les angles de vues et les poses, notamment sur l'échelle où certaines positions incertaines, pour donner l'impression du mouvement, sont longues à tenir. Alors que nous avons déjà bien pris la cascade sous toutes les coutures l'autre équipe revient. Olivier les intègre dans la séance : repos du modèle qui en profite pour refaire son maquillage. Et nous reprenons le cheminement de la rivière, tâchant d'en montrer les divers obstacles.
Le reportage fini Babar n'est plus très chaud pour plonger le S5, nous nous contenterons d'un rapide aller-retour Olivier et moi. La visi n'y est pas meilleure mais Olivier a un nouveau phare déporté qu'il teste. Essai concluant car son éclairage puissant nous montre le siphon différemment qu'avec ses lampes habituelles. On rejoint Babar et nous prenons le chemin de la sortie.

Le retour est plus facile que souvent car, ayant prévu une petite sortie, nous n'avons que les bi 4 litres à remonter. Ni gros blocs, ni relais. Cool. Nous sommes même un peu étonné de sortir de jour, ce qui n'est pas vraiment habituel à cette période de l'année.
Finalement cette sortie n'aura pas été que digestive, mais aussi apéritive : ça m'a ouvert l'appétit, je rentre finir les restes du réveillon !

Toutes les photos sont d'Olivier Lanet.

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