dimanche 20 février 2011

Topo dans l'eau d'en haut...

La journée n’avait pas démarré sous les meilleurs hospices : après une soirée de crémaillère la veille – très réussie au demeurant – j’avais ce matin la tête dans le seau. Je pars en retard après avoir vainement cherché une des sangles de mon harnais, que je me souviens très bien avoir mise de côté pour ne pas l’oublier. Oui, mézou ? Je pars donc déjà agacé, sous la pluie, me demandant ce qui pourrait bien parachever le tableau. Une mauvaise rencontre ? Voila : les photographes embusqués me tirent le portrait sous un pont de l’A46. Un peu plus de 100 au lieu de 90, sachant que cette voie a été limitée à 110 pendant pas loin de 20 ans et qu’elle est quasi déserte à cette heure-ci...

J’arrive à peu près à l’heure, compte tenu que JC a prévenu un peu tard que le rendez-vous serait cette fois à 10h plutôt que 10h30. Visiblement je ne suis pas seul à être resté sur l’ancien horaire, car tout le monde n’est pas encore arrivé. Ça me laisse le loisir de vérifier qu’une place correcte est libre en bas du chemin. Depuis la fois où, venu plonger seul, j’avais bataillé une demi-heure pour sortir le Kangoo du bourbier qui se forme dans le bas de la clairière, je suis méfiant ! Je me gare et commence à déballer le matos: Tiens ! Ma sangle bien rangée dans une palme ! Sylvie arrive, descend le chemin, descend la clairière, descend dans le champ... Ah pardon : elle glisse, nuance. Que tous ceux qui veulent se faire un masque de boue pousse la voiture, c’est bon pour la peau. Babar mobilise le 4x4, mais Claude s'étant mis au volant c’est presque devenu inutile :)))

Petit à petit tout le monde est arrivé. Pierre découvrira la cavité, tranquille sans mission. Sylvie et Philippe seront accompagnés par Babar. Les recycleux motorisés (Jean-Claude, Xavier, Baptiste) iront bosser loin pour poser de la cablette là où il en manque encore et compléter la topo. Enfin, ceux qui sont en scaphandre ouvert feront la jonction topo, entre ce que j’ai fait la semaine dernière avec Alain Cloteau et la partie faite précédemment par Babar et Manu. Manu d’ailleurs qui dispose d’un bi 10 et d’un relai 10, mais surtout Bonex1 powered, ira poser un bloc sécu avant les étroitures à 480 pour le retour des recyleux, puis commencera à poser le décamètre pour la topo. Nicolas n’a lui qu’un bi 7 et relai 7 : il m’accompagnera si possible au départ de la topo. Quant à moi, j’avais prévu d’aller loin et pour ça j’ai pris un bi 10 gonflé à 245 et deux relais 7 gonflés à 230. Avec ça j’avais normalement de la marge. Sauf que, depuis dimanche dernier, on est passé de l’étiage au niveau maximum : il n’y aura pas de portage éprouvant, mais on se prend 10 m de plus en profondeur... On verra bien.

Chacun se prépare à son rythme, monte les blocs, les porte au bord de l’eau. Je récupère une plaquette topo. Phase finale, je m’habille sur mon tapis, profitant que Sylvie me tourne le dos subjuguée par le briefing de Laurent pour faire un strip éclair. Babar ! Tu avais vraiment besoin de lui dire de se retourner pour mater mon c... ?! Incorrigible... Enfin nous nous retrouvons dans l’eau Nicolas et moi pour gréer nos relais et faire les vérifs, 4 lampes et 4 détendeurs en ce qui me concerne. Manu vient de partir. Nous traversons la vasque en surface pour nous immerger face à la falaise. Le début du fil est à aller chercher avec ce niveau d’eau ! La visibilité a pâti de la crue2 de cette semaine et est très moyenne, mais suffisante.

C’est parti. Nico ayant moins de gaz que moi je le laisse prendre la tête pour donner son rythme. Nous croisons vers l’entrée Pierre qui nous filme avec sa caméra montée sur le casque. Nicolas ne veut visiblement pas perdre de temps et palme énergiquement. Il faut dire qu’il ne vaut mieux pas trop traîner dans cette zone où nous atteignons les -26 m. Nous posons nos relais en même temps juste avant la première étroiture et reprenons la progression, remontant lentement. Je me dis que Nico va être juste en gaz, je m’étonne même qu’il ne soit pas déjà en limite d’autonomie. Je lâche mon deuxième relai pour passer sur le dorsal. Afin de rester proche de Nicolas je ne l’ai pas déposé, d’autant qu’il me gêne fort peu, bien plaqué sous mon bras par un élastique dans le style Bulle Maniac. Ça y est : Nico se retourne, visiblement déçu ne pas pouvoir rejoindre le départ topo, me montrant ses manos pour me signifier qu’il est grand temps pour lui de rentrer. Je lui fais signe que c’est OK et, tandis qu’il rebrousse chemin sans tarder, je continue seul vers notre terminus topo de la semaine passée, à 430 m de l'entrée.

J’aperçois le premier amarrage du décamètre et dégaine la plaquette topo. Je commence à enchaîner les mesures : cap, profondeur, haut, bas, gauche, droite. J’aperçois la lumière de Manu et lui fais un signe OK avec ma lampe de bras. Il repart, sans doute continuer la pose. Tandis que je continue mes relevés je le vois revenir. Il me fais signe qu’il est temps pour lui aussi de rentrer, me demande si c’est bon et, sur ma confirmation démarre sans traîner. Tout le monde fait fissa pour rentre aujourd’hui. Il faut dire qu’à cette distance et avec la hauteur d’eau du jour, il ne faut pas se faire piéger. Depuis tout à l’heure mon ordinateur m’indique avec constance 9 minutes de « nodec time ». Mais je sais bien que lors du retour les paliers vont apparaîtrent et que je risque même de manger sévère ! Je termine mon dernier point. Heureusement il manquait peu pour la jonction, seulement 32 m.

C’est à mon tour de passer en mode pressé : je décroche le décamètre et entreprends de le rembobiner. Contrairement à un fil métré sur un dévidoir il faut enlever au fur et à mesure les caouètches qui le fixent. L’un d’eux résiste, trop serré pour pouvoir le défaire avec les gants. Je ne veux pas perdre de temps et sors le sécateur pour trancher dans le vif ! Je finis de rembobiner et constate que Manu n’a pas laissé de mousqueton pour accrocher le déca. J’en ai de rab mais, ne voulant pas perdre de temps, je préfère prendre le chemin de la sortie en le tenant à la main. Première erreur. Je surveille les paliers qui commencent à augmenter. Voici mon relai qui m’attend. Je bataille un peu pour le raccrocher, ayant du mal à trouver mon anneau de ceinture. Peut-être des modifs de config à prévoir. Je suis reparti quand soudain je me sens retenu. Je constate rapidement que j’ai bêtement laissé tombé le décamètre, mais que celui-ci ne voulant pas m'abandonner s’est accroché à moi par son extrémité, que j’ai consciencieusement déroulée en avançant ! Je repars donc en arrière en lovant le ruban grossièrement – seconde erreur – sur une quinzaine de mètre jusqu’au décamètre. Je le saisi et tourne la manivelle pour ravaler ce serpent que je ne veux surtout pas voir flotter dans la galerie. Mais les boucles en tas ne l’entendent pas ainsi, se tordent et se coincent m’obligeant à trop de manipulations tandis que les paliers tournent... Je finis, blasé, sous le regard amusé de Jean-Claude qui revient du fond, par enrouler le bazar sur le carter en le coinçant fermement avec un élastique. J'aurais mieux fait de fixer l'extrémité au fil, de revenir au décamètre et de repartir en rembobinant sans risque de nœuds... Bon, vite direction la sortie. Quand je commence à remonter dans la vasque le verdict est sans appel : 34 minutes de palier à 3 m. :(

Je dépasse Baptiste et Jean-Claude qui commencent les leurs à 6 m, me trouve un emplacement confortable et pas trop touillé, et prends mon mal en patience. De temps en temps je me promène dans la vasque, longeant le bord pour tromper l'ennui, me réchauffer et améliorer ma décompression. Pour le froid cela reste très supportable malgré les 9° habituels et les presque 2 h (je sors après 108' de plongée) grâce à l'utilisation de la technique du paillasson : un paillasson à croisillons, en caoutchouc assez souple, découpé et sanglé pour me faire un plastron, emprisonne une couche d'air sur le torse en évitant le plaquage de la combinaison. La technique s'avère efficace, tant que l'on n'a pas besoin d'une grande mobilité, genre manœuvres sur cordes en post siphon...

Quand je sors de l'eau je vois 3 visages tournés vers moi. On me propose un deal : je leur file mes relais à remonter, et je retourne délester Baptiste et JC toujours au palier de leur relais et propulseurs pour gagner du temps. Je remonte 2 bailouts mais en fait ils sortent presque tout de suite derrière moi, malgré une plongée d'environ 3 h : ça a du bon la plongée à PPO2 constante ! C'est clair que si j'avais vérifié le niveau, et surtout pu gonfler avec un petit Nitrox 40, je me serais épargné bien du palier...

Le déséquipement et le rangement se combinent au report des relevés topo et à un point rapide sur l'avancement des travaux. Les jonctions faites donnent une continuité de la topo sur 1500 m. L'équipement est au diapason. Il restera dans la première partie à rééquiper et topoter le shunt, de préférence avec un niveau bas pour laisser ça aux circuits ouverts. La suite appartient aux pointeurs, avec le même niveau qu'aujourd'hui, mais quand la bulle aura été poussée dehors. En effet, à 1000 m au niveau de la cloche Bertrand Léger ça sortait dans une cloche sous pression (-9 m...) emprisonnée par une montée des eaux progressive dans la galerie étanche. Il faut maintenant une crue qui chasse la bulle pour pouvoir passer en plongée, plutôt qu'en exondé gênant la progression. L'inconvénient c'est que quand la bulle sort elle racle tout sur son passage, brassant le dépôt omniprésent, et annulant toute visibilité le temps que cela décante.

La suite bientôt !


1 La Rolls des propulseurs
2 La station hydrographique en aval du Groin à Artemare

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