dimanche 13 février 2011

J'ai plongé avec le GKPP !

 Pour une fois je cède à la facilité en insérant un compte-rendu d'Alain Cloteau, suivi de celui d'Alexis Carreel.
Je me suis quand même permis d'insérer quelques commentaires...

Le Groin, le 13 février 2011,


Impressions d’une excursion dominicale de topographie spéléosubaquatique


Ma phase grippale étant terminée, je réponds à l'invitation de Jean-Claude d'aller se mouiller au Groin. Ce qui est aussi l’occasion de se mouiller le groin…
Un coup de téléphone vendredi à l'autre Alain et le covoiturage est organisé. Comme souvent la logistique se met en place : "Heu t'aurais pas un peu d'air, je n'ai pas eu le temps de gonfler mes blocs, il est vrai que je suis arrivé à la fermeture du Vieux et Thierry était pressé… J'ai appelé Babar mais… Pas de problème Alain, je peux te prêter ma gueuse, un bon bi 10 de chez Roth du maousse costaud, tu pourras même enlever du plomb… ". Rendez vous est pris à 8h45 dimanche chez moi.

8h45 dimanche, j'ai chargé le CCrosser. Mon matos, avec la boîte jaune (Nota : une énorme malle pour loger le recycleur Inspiration Buddy) et 2 secours alu 7 litres d'air, prend la moitié du coffre banquette rabattue. A 9h00 Alain est là, en avance comme souvent. Humour facile ! ;) Après un rapide transvasement du kangoo et le chargement du bi 10 et d’une 7 litres nous partons à 9h10. Très réveillé, je réussi à me perdre à 5km de chez moi. Il est vrai que d’habitude en semaine c’est noir de monde, et là il n’y avait personne… la journée va être dure, je le sens.
Après Artemare, sur la petite route qui mène au Groin, nous croisons (manquons de percuter…) Baptiste en sens inverse. Il y a des travaux, il faut passer par en haut, et hop demi-tour.
Sur place, il y a du monde. Jean-Claude1, Manu, Babar, Nico, Sylvain, Baptiste et Alexis sont déjà là. Le niveau d’eau est bas, hou la la ! Un touret de cablette inox est sorti. Un dévidoir de compétition de type F1 (pour le prix) en est garni. La discussion sur la meilleure technique à utiliser pour topographier, initiée sur le forum, se poursuit sur place. Entre temps, Xavier2 et Jean-Louis3 sont arrivés. Nous voilà 11 sur place, ce n’est plus la CRPS Raba c’est le GKPéPé4 (pour certains …).

Les équipes sont constituées. Je reforme avec Alain le Gang des Lyonnais. Je n’ai que 60 bars d’oxy et Alain n’a pris qu’un relais, notre objectif sera donc adapté. Notre mission, que nous avons acceptée, sera de reprendre la topographie entre 370 et 430 m dans la continuité d’Alexis et de Nico. La technique que nous avons choisie (en fait qu’on nous a fortement suggérée compte tenu du matos disponible) reposera sur l’utilisation d’un « décamètre d’ariane », cela peut surprendre mais c’est somme toute pratique.
Le matériel est progressivement acheminé au bord de la vasque. Les premiers sont déjà partis, quand nous commençons à nous équiper. Je commence à mettre la combine, ou plutôt à l’enfiler, compte tenu des difficultés que j’ai à la mettre, elle me serre, me serre partout. Horreur, lorsque le premier pied daigne arriver dans le bottillon, c’est la noyade. Le deuxième se noie aussi. J’ai les chaussettes pleines d’eau. J’aurai du réfléchir avant d’emprunter la combine de Damien, car il a dû par nécessité laver l’intérieur dernièrement, et la faire sécher à l’avenant. C’était ça ou prendre la mienne et risquer comme la dernière fois de prendre l’eau par les gants, pas si étanches que ça. Je vais me les geler !
Nous voilà, Alain et moi, dans la vasque. J’arrive à peine à respirer et je ne peux presque pas bouger, tellement que je suis serré. Je comprend pourquoi Damien qui est un tout petit, vraiment tout petit, plus gros que moi, en ch… à chaque fois. La fixation en « coté monté »5 de mes secours relève de Mission Impossible, j’arrive à peine à bouger les bras. Je suis essoufflé, ça promet… On se calme, on ventile, Alain est patient. Je suis prêt, nous y allons. Je passe devant. Je redécouvre la galerie que je n’avais pas plongée depuis deux ans. Maintenant que tout à pris sa place, je suis mieux dans ma combine. Passé la zone d’entrée, l’eau devient claire. Ce n’est pas le Diable6 quand même, mais c’est sympa. Le parcours est toujours aussi varié et la roche très travaillée. Le Buddy ne racle pas plus qu’un bi 10 dans les passages étroits. Le setpoint est à 0,7. Tout est vert ça baigne. J’oublie le Buddy, je sais ce n’est pas sympa pour lui. Nous trouvons moins 15. Nous croisons le team Babar/Sylvain, puis le team Alexis/Nico qui rentrent, puis un Bonex7 qui promène Manu. Nous suivons la cablette, ça y est, voilà l’étiquette « fin de topo » de l’équipe précédente. Alain caouètche le décamètre et part vers le fond en le déroulant. Il le fixe à chaque changement de direction. Je le suis en prenant les azimuts sur le décamètre. Je suis surpris, j’arrive encore à lire le compas (GKPépé s’inquiétait de sa presbytie…). Le repérage des distances est super facile. Je reporte profondeur, azimut et distance de chaque poste sur la plaquette. Un dinosaure nous croise. Je rejoins Alain. Il a fixé son étiquette « fin de topo ». Il a de la marge sur ses quarts. Alain rentre en rembobinant le décamètre, je le suis. Un coup d’œil sur la jauge, hou il y a juste assez d’oxy pour rentrer. Les quelques passages plus ou moins étroits se passent bien, car ils s’anticipent plus facilement au retour. Je donne un petit coup de main à Alain pour la reprise de son relais, pour cause d’élastique à bulle maniaque. Nous reprenons le chemin du retour. Arrivés dans la zone d’entrée, Alain est ébloui par mon OSTC8, j’aurais du l’éteindre, il est vrai, ça dénote toutes ses couleurs dans cette eau chargée. Nous sortons après 97 minutes de plongée.

Super, les copains sont là. Nos relais sont remontés illico-presto, enfin presque presto, c’est raide et ça roule sous les pieds, merci encore à eux. Heureusement une corde à nœuds nous attend. L’enlèvement des palmes relève de mission impossible tant je suis engoncé. Nous sortons de l’eau. Le chemin de croix commence. Je suffoque, j’halète, je souffle, je ressouffle, j’arrive en haut du ressaut, je m’arrête une nouvelle fois. Un esprit malin, me questionne, ça va ? Oui…oui, je profite du paysage, tu parles ! Bon, nous arrivons aux voitures. Le déséquipement commence. Après avoir extrait au forceps mes pieds des bottillons, constat est fait, je n’ai plus d’orteils, je les vois, mais je ne les sens pas. Il est presque 16 heures, c’est le moment de casser la croûte. Hum, je me fais une bonne soupe de pâtes chinoises. Jean-Louis trouve qu’il allait plus vite en bi 20 et 2 relais 20 que maintenant avec son recycleur. Je pense qu’il a en partie raison, ce n’est pas la fuite du temps, c’est comme les combinaisons de plongées qui rétrécissent, il faut faire avec. Xav et JC arrivent, nous descendons leur filer un coup de main. Tout le monde est remonté, les topos sont recopiées pour que JC puisse les saisir en informatique. Les objectifs ont été atteints. JC est content, et nous quand JC est content on est content aussi. Mes orteils retrouvent leur sensibilité, hou ça piquouille. Il commence à se faire tard, il est temps de rentrer.

On se sépare, à la prochaine, quand le niveau d’eau sera plus haut. Si c’est nécessaire pour la prochaine pointe des warriors, pour les autres, cela leur permettra de moins se fatiguer, on n’est pas des bêtes quand même.

Ben moi, entre temps, mercredi je vais aller faire de la vraie plongée… à la fosse de Meyzieu avec mes canards, histoire de me reposer.


Alain Cloteau, du GKPépé Team RABA

qui a, depuis dimanche, des raideurs qui se sont déplacées… dans les épaules.


1 Jean-Claude Pinna, Chef de projet pour le Golet du Groin.
2 Xavier Méniscus, le plongeur de pointe de la commission RABA.
3 Jean-Louis Camus, un des principaux explorateur de la source, dont le terminus à 2100 m. a tenu depuis une quinzaine d’année jusqu’à présent…
4 Le GKPP (Gorfoli Karst Plain Project) est un groupe connu de plongée souterraine.
5 "Côté monté" : traduction littérale propre aux GKPépés de "side mounted", qui désigne le portage latéral des blocs.
6 Cavité du Vercors habituellement limpide. Et tout aussi froide…
7 Le Bonex est un propulseur haut de gamme, très compact avec ses batteries de dernière génération.
8 Son nouvel ordi trimix avec un écran Oled couleur très lumineux. Un achat que j’envisage moi-même de plus en plus...




Topo de 250 à 350m par Nicolas Massol et Alexis Carreel


          Covoiturant avec Baptiste, nous arrivons au parking à peine devancé par les gens de la Yaute et suivi de près par les Lyonnais. J’attends la fin des débats et le début du briefing pour savoir définitivement ce que je vais faire, avec qui et comment. Ce sera donc la topo de 250 à 350m avec Nicolas en déroulant du fil pentamétré au dévidoir. Nicolas plonge en bi-7 & relais 7. Plus gourmand, je serais en bi-10 & 2 relais 7, la peur de manquer sans doute…

          Les deux Alain devant débuter leur topo où nous arrêterons la notre, nous pourrissons la vasque les premiers. J’attends un peu mon binôme qui cherche en vain dans le gravier son élastique de tour de cou, qu’il a autour du cou, et qui une fois équipé aperçoit son baudrier de plomb sur le bord de la vasque. Enfin prêt, Nicolas part devant avec le dévidoir et je le suis avec la plaquette topo. Au premier passage un peu étroit, je m’y reprends à trois fois pour passer avec mon bordel.
          Le repère évident de la précédente fin topo, qu’on ne connaissait pas mais qu’on nous a patiemment réexpliqué, étant clairement évident, nous débutons la topo. Nicolas galère un peu pour amarrer son fil et j’ai bien le temps de prendre les points topo. Je m’écrase au fond de la galerie pour laisser passer un premier Bonex (manu). Quelques minutes plus tard c’est au tour de Jean-Claude de passer en râlant contre notre fil topo, suivit de près par Xavier. Je me plaque dans un virage pour les laisser passer puis je prends le temps de me réhabituer à la pénombre de mes lampes (certains ont en éclairage la puissance de feu du Parc des Princes...).
          Une fois au bout du fil, Nicolas pose le dévidoir et fait demi-tour. Ayant encore beaucoup de gaz, je finis tranquillement les relevés et rembobine le fil. Je croise Baptiste 50 mètres plus loin, heureux d’être débarrassé de ce fil en trop en plein milieu de la galerie. Sur le retour je croise la relève, les deux Alain qui vont poursuivre la topo. Dans ce sens, l’étroiture passe toute seule. Je fais surface après 88 minutes de plongée, les doigts un peu engourdis au niveau des trous dans les gants.

          Je finirai la journée en remontant 15 000 € de propulseurs.

Alexis

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