mercredi 20 avril 2011

Plongée Trimix à Chindrieux

Toujours dans l'optique d'être dans les clous -- vis à vis du quota préalable de plongées trimix -- avant le stage proche du Trimix hypoxique (1), je me suis prévu une plongée en semaine. Objectif le tombant de Chindrieu, qui se trouve à Châtillon. Pas sur Seine mais sur le lac du Bourget. Oui, je sais, ce n'est pas facile à suivre...
J'ai prévu un petit tour vers -60m et donc commandé un trimix 16/25, qui se trouve être un héliair (un quart d'hélium, le reste en air). C'est là que commencent les emm.... J'ai prévu de récupérer mon bloc la veille afin d'être tranquille pour partir jeudi matin. Mais en sortant à 18h bien tapée, pour rejoindre en ville au pire horaire un magasin qui ferme à 18h45, c'est Mission Impossible. Et j'échoue, arrivant 2 minutes (dixit son voisin) après le départ de la miss qui tient le magasin ! L'impression d'avoir échoué à 2m du bol de sangria... En panne de batterie je n'ai même pas pu appeler pour lui demander un petit délai... Donc retour maison, 40 bornes pour des prunes, et il faudra revenir demain matin. Le lendemain je repars, à une heure où la circulation est moins pénible. Arghhh ! Je n'avais pas vérifié, ça n'ouvre qu'à 10h. Je me dis que je suis maudit en patientant dans la voiture. Je finis par récupérer ma bouteille, et l'analyse me dit qu'une fois encore je n'aurai pas le mélange souhaité... Ça manque d'hélium. Retour à la maison et devant l'ordi pour refaire des runtimes.

Enfin je pars, bien tard par rapport à mes plans initiaux. La route est peinarde, il fait beau, je me détends. Et comme il fait beau, il y a du monde au port et donc plus de place que tout en haut du parking. Pas grâve je porterai, j'adore quand il fait chaud. Je prépare tout mon bazar et l'amène au bord de l'eau  à côté de baigneuses en mode "décapoté". Forcément, je fais un peu contraste quand je me pointe en combinaison étanche. J'accroche la fermeture de mon étanche à un mousqueton de mon bi posé sur le mur, et ferme ainsi seul le bazar. Au-to-no-mie. Je me mets à l'eau, clampe le 10 litres, et part mollo sur le dos.
Question de blocs disponibles et de budget j'ai choisi d'être à l'air pour la décompression. Pas optimum mais pas déraisonnable non plus. J'aurai donc un 10 litres de trimix à partir de -35, et mon bi 9 air au-dessus, afin d'éviter d'éviter un effet narcotique supérieur à celui du fond. Comme je ne suis pas sous plafond, si je "perds" (problème détendeur ou autre) mon trimix je peux remonter sans traîner avant qu'il ne soit vide dans la zone où je peux reprendre l'air. J'appliquerai la règle des quarts sur le bi dorsal et des tiers sur le trimix.
Parvenu à l'aplomb du tombant je m'immerge doucement, teste mes détendeurs et l'éclairage. Je suis entièrement en config sout' avec notamment le casque pour me libérer les mains. Tout est ok et je descend progressivement. La lumière baisse vite, tout va bien. Mon direct système qui bulle -- sans conséquence sur l'autonomie -- me casse un peu les oreilles par son bruit incessant. Il me semble entendre un autre son derrière que je n'arrive pas à identifier, comme un chuintement continu. Je suis à presque à 35m. Pris d'un doute je veux changer de détendeur pour vérifier et là, sitôt ôté de la bouche, il part en débit continu !
Meeerde ! Je suis passé sur l'autre, et j'essaye de fermer mon robinet. Je suis souple mais ça n'est quand même pas très facile. Heureusement j'ai pris la précaution d'enlever mes protections de robinetterie. Comme j'étais proche de la paroi, le nuage de bulle a vite fait de décoller tout le sédiment qui tapisse le tombant. En un rien de temps je suis dans une touille qui vaut largement celle de certains siphons. C'est un nuage de grosses particules qui tourbillonent comme une neige triste. L'impression d'être dans une boule à neige version ramoneur... Tout en actionnant le robinet je suis remonté. Quand il se trouve enfin fermé je suis à un peu plus de 20 m. Je me stabilise et me décale pour revenir dans une eau claire. Je patiente et tente de réouvrir, mais le givrage persiste. Je fais le point et choisis de limiter ma profondeur à 50m et de ne pas entrer dans les paliers. Ainsi, si le deuxième bloc devait givrer (peut-être y a-t-il eu de l'humidité au gonflage) je pourrai remonter sans me poser de question.
Je redescend, très attentif au chant de mon détendeur. A 35 m je retente l'ouverture et ça passe. J'ai perdu près de 60 bars sur 200 initiaux. Je reteste les 2 détendeurs puis passe sur mon trimix. A 50m, avec ce trimix, c'est grand confort.  Je profite de ma plongée, l'eau est claire et le tombant est assez vivant. On est dans une grosse période de frai et les poissons sont nombreux. De belles bêtes se planquent au fond des trous. Je remonte doucement, arrive sous le surplomb et balaye de mon éclairage. Je me dégage et progresse le long du tombant. Je marque des étapes : 45, 40, 35. A 30m je reprend l'air. Etant donné mon profil je vais suivre mon ordinateur basé sur l'air. La plongée se poursuit tranquillement et je la termine dans 4-5 m d'eau, prolongeant un peu. Quand j'émerge je ne suis plus trop loin de la plage. Je prends mon cap et redescend pour y aller par le fond.

Quand je ressors l'heure a tourné et je décide de ne pas traîner. C'est que ce soir j'ai une soirée avec les copains et j'avais prévu de faire un dessert : ce n'est pas gagné ! Comme je suis bien frais (!) je jette le 10 litres sur mon épaule et remonte en une fois. Je ferai quand même une petite pause, avant la remontée du parking. Avantage du coffre de Kangoo, je ne perds pas de temps à tout démonter, me contentant de tout bien caler. Je saute dans mon short puis au volant, c'est reparti pour un retour sans encombres.

Le flan, fait dans l'urgence, avait drôle de mine. Mais la soirée fut parfaite.


(1) Le Trimix hypoxique, kézako ?

Je résume pour les non plongeurs : dans l'air il y a 4/5éme d'azote. Cet azote se dissout dans tout le bonhomme pendant la plongée (tel le gaz carbonique dans le Coco Lola), ce qui fait qu'on devra prendre le temps de l'éliminer en remontant, ce sont les paliers. Mais en plus l'azote provoque, grosso modo à partir de 40m, la fameuse ivresse des profondeurs, narcose pour les intimes. Une solution est de remplacer au moins en partie l'azote par de l'hélium, et ce en d'autant plus grande quantité que l'on va profond : c'est le trimix (mélange de 3 gaz : oxygène, azote, hélium).
Mais quand on va profond l'oxygène finit lui aussi par poser problème, engendrant un risque de syncope... Bon, ben on va mettre moins d'oxygène et plus d'hélium alors ? Et puis on va appeler ça un trimix hypoxique, puisqu'il comporte moins d'oxygène que l'air habituellement respiré. Seulement comme il n'y a plus trop d'oxygène, il peut ne pas y en avoir suffisamment. Du moins pas assez pour pouvoir être respiré proche de la surface. Et là on doit prendre en plus, dans une bouteille séparée, un truc qui lui se respire bien quand on remonte...
Et comme tout ça n'est pas inné, on l'apprend dans des stages : trimix de base, puis -- après un minimum de plongées trimix -- le trimix hypoxique.
CQFD.

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