dimanche 17 août 2008

Siphon d'Arbois, préliminaires

Préliminaires ? Disons que l'heure est encore à la préparation des sorties suivantes, avec la mise au point de la tyrolienne. Mais n'anticipons pas et reprenons du début.
La veille j'ai commencé - une fois n'est pas coutume - par le chargement de la voiture : mes quelques affaires d'escalade et surtout l'arrimage sur le toit du bateau. Le bateau ? Une coque d'environ 2 m de long avec une double coque rigide. Suite à une conversation il y a quelques mois en allant plonger à Fontaine Noire de Cize, et considérant qu'il trainait sous un arbre depuis 10 ans dans mon jardin, je l'avais proposé pour le transport du matériel pour le lac d'Arbois. Samedi matin je prends la route et commence par aller faire le plein. D'où un premier retour à la case départ parce que les mousses de protection glissées entre le bateau et le toit de la voiture ont déjà bougé... Je rajoute donc du scotch large aux 4 coins des plaques de mousse et je prends la direction de l'autoroute. Après une vingtaine de km, des bruits suspects m'alertant, je m'arrête sur la première aire et constate que les mousses bougent quand même ! Je les scotche sur tout le pourtour et peux finalement reprendre définitivement la route. J'arrive logiquement avec pas mal de retard, d'autant que, venant pour la première fois je cherche un peu le point de rendez-vous que je croyais à l'entrée d'un tunnel. En fait c'est le départ à pied, mais les voitures sont garées 200 m plus loin au-dessus du départ du cable. je rejoins enfin mes camarades : Jean-Claude Pinna qui est le chef de projet pour la commission, Xavier Méniscus, Manu Tessane et son ami Jérôme, et enfin Patrick Serret dit "Belu" notre ardéchois.
Le cable a déjà été retiré du vallon, attaché à une corde et le tout incorporé dans un système de palan mis en place par les pros de ce genre de montage : Jean-Claude et Manu. N'ayant moi-même aucune compétence en la matière, je me contente d'apporter mes bras à la manoeuvre. La matinée sera riche en essais sur la façon de disposer le cable, de le surélever avec une chèvre en tubes d'acier ou un mat taillé dans un arbre abattu, de disposer des renvois et des assurances. Il faut aussi amarrer le treuil afin qu'il ne soit pas emporté par la corde de charge, apprendre à l'utiliser pour que la corde ne fasse pas de boucle sur le moyeu. Au fur et à mesure les problèmes se révèlent et sont résolus, ou la solution envisagée est reportée à la prochaine fois, le temps de bricoler quelque chose de costaud. On grignote en même temps, Patrick et moi prenons des photos, je fais de petits films.
Les premiers essais avec des charges commencent. D'abord des bidons d'eau pour emmener de l'autre côté l'extrémité de la corde de charge. Certains arriveront un peu vite et "voleront" en bout de câble. Petit à petit les choses se mettent en place et la benne (une magnifique poubelle grise enchâssée dans une structure en fers plats soudés) se trouve fixée au "chariot" qui est lui directement suspendu au câble par des poulies. Le chariot date de l'époque de J-L Camus et ses poulies se verront finalement remplacées par des versions modernes dites rapides, à double réa. La résistance de la benne est bientôt validée avec une charge d'environ 80 kg. Quelques élagages seront nécessaires, accomplis avec Maestria par Manu qui descend sans doute du singe (comme nous tous, mais lui s'en souvient) mais croisé avec un écureuil ! C'est fascinant de constater qu'un grand machin comme ça puisse tenir sur d'aussi petites branches... Une équipe a été envoyée de l'autre côté pour les réceptions et les premiers transferts de matériel peuvent commencer.

Nous passons tous de l'autre côté et je découvre le chemin d'accès. Il débute un peu plus haut sur la route, juste avant le tunnel, par un éboulis. Après un passage dans de gros blocs, facile à repérer par la présence d'un pneu coincé, on attaque un sentier en sous-bois qui part sur la gauche. Un gros travail a été fait lors des sorties précédentes pour dégager l'accès, et la tronçonneuse n'a pas dû chômer. Plus loin le chemin part sur la droite un long moment. Finalement, après un nouveau virage à gauche on atteint le fond des gorges. Il faut remonter le lit du torrent avant de pouvoir traverser en faisant des "pas de géant". Le site est superbe entre des rocs impressionnants, petites cascades et tapis de mousses, et des marmites d'une taille imposantes et communicant entre elles. Passé de l'autre côté, il faut remonter vers la falaise. Au pied de celle-ci on trouve, décalée à gauche de l'aplomb de la grotte, une corde fixe avec quelques fractionnements. La montée se fait au Croll (merci Manu pour avoir compléter mon matériel encore succinct :o) sans difficulté particulière. Le casque est de rigueur si on ne grimpe pas en tête ! En haut la corde se prolonge en main courante jusqu'à une plateforme légèrement en-dessous de l'entrée de la cavité.
Enfin j'y suis. Le porche est large, sous le surplomb de la falaise, enchâssé dans la végétation. La vue sur le fond de la vallée est belle et on aperçoit en face, nous dominant, le pylone EDF et le départ de la tyrolienne dont le cable est fixé en plafond du porche. La première équipe qui était parti faire des photos jusqu'au lac nous a rejoint. Nous nous changeons rapidement et pénétrons la grotte. La galerie est évidente, d'une pente régulière et surtout d'une section très conséquente ! Cette partie n'est pas extrèmement belle, mais j'apprécie un joli joint de strate en hauteur, et essaye de me représenter ce que peut être un tel volume quand il est en charge. Ce doit être époustouflant. A un endroit on passe des marmites de calcite dont la blancheur tranche agréablement. On s'efforce de ne pas souiller la pureté de la roche de nos pieds boueux. En chemin nous croisons l'ancien radeau de J-L Camus, assemblage de tube PVC qu'il fermait avec de la chambre à air.
Tout en progressant on procède à un relevé topographique. Néophite, j'observe attentivement l'usage du compas ad-hoc et du clinomètre par Jean-Claude, ainsi que du télémètre laser pour les relevés de section par Xavier. J'apporte ma modeste contribution en manipulant le décamètre et en repérant les stations choisies par Patrick, pour les indiquer à nos "releveurs" tandis va chercher la suivante. Cette façon de procéder permet d'avancer assez vite. C'est ainsi que nous arrivons au lac. Les lacs souterrains n'ont évidemment rien à voir avec des étendues d'eau comme celles d'Aiguebelette ou d'Annecy, mais souvent de grandes flaques se trouvent promues au rang de lac. Ici l'appelation ne parait pas usurpée, et notre éclairage pourtant déjà puissant peine à accrocher la paroi d'en face.
Il est déjà tard et nous rebroussons chemin. Il faut encore renvoyer le matériel, et donc qu'une équipe remonte au départ de la tyrolienne pour démarrer le treuil, soit environ une demi-heure de marche. Quand ceux restés à la grotte, qui chargent les bennes ont fini, ils peuvent à leur tour s'offrir le petit plaisir d'un rappel sous la grotte pour rejoindre le bas de la falaise, tandis que le dernier mettra la corde à l'abri et redescendra par la corde fixe. Quand nous sommes tous réunis à notre point de départ il reste à remonter toutes les charges - dont le treuil qui pèse un âne mort - aux voitures par le sentier de mule, et à démonter le câble pour éviter les problèmes en absence. C'est ainsi qu'il est environ 20h quand nous pouvons enfin songer à regagner nos pénates. La journée a été longue mais fructueuse, puisque l'installation de la tyrolienne est validée et ne devrait plus guère évoluer.


Mini CR à chaud de Jean-Claude
Les photos de Belu
Le CR de Belu sur son blog

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