mardi 1 juillet 2008

Bourg St Andéol, Pointe à la Tannerie

Un week-end très bien rempli, et un narrateur bavard : il vaut mieux que je coupe mon compte-rendu en deux.

Prologue :

Je suis parti vendredi soir, bien évidemment à la bourre pour ne rien changer. Heureusement la circulation, parfois un peu dense, reste correcte tout du long. j'arrive au Camping du Lion de Bourg-Saint-Andéol vers 21h30. L'accueil est fermé, mais le n° "au cas où" affiché me permet de joindre la gérante attablée à quelques mètres. Pardon du dérangement. On me place vers les bungalows de toile réservés par Xavier : une personne seulement est arrivée, et la voiture dénonce Eric Charbonnier. Par contre je fais immédiatement la connaissance d'autres voisins : les moustiques en nombre invraisemblables, qui vont nous tenir compagnie tout le week-end.
Je monte rapidement ma tente-remorque, en m'assénant de grandes claques. J'allume ma lampe tempête alimentée en huile à la citronnelle, et finit même par user de ladite huile comme eau de toilette...
Je casse une croûte, constate le retour d'Eric et de sa douce, attablés devant des pizzas. L'arrivée de la Babar's family - aussi connus sous le sobriquet amusant de Josée et Laurent Bron - est prévue pour minuit au plus tôt. Décision immédiate de me préparer psychologiquement au lendemain : je vais me coucher.

Episode 1, Samedi : Pointe de Xavier à la Tannerie
Dans le cadre du projet de la Commission Nationale de Plongée Souterraine de la FFESSM, l'objectif du jour est pour Xavier Méniscus de prolonger l'exploration de la galerie "Brasey" qui démarre à 130 m de fond dans le puits du Goul de la Tannerie.
Xavier m'ayant annoncé la veille son intention d'une arrivée sur site entre 7 et 8 heures, je me suis levé tôt. Petit-déjeuner rapide mais consistant et j'arrive devant l'entrée des Gouls vers 7h30. On se serait concerté qu'on n'y serait pas arrivé, car Michel Conte est en train d'ouvrir (il a mis un cadenas en plus du potelet escamotable) à Patrick "Belu" Serret et Jean-Claude Pinna. Jean-claude, qui amène le compresseur dans la remorque de notre vénéré Président de la CRPS RABA (Claude si tu me lis... :o) et moi nous garons quasi sous le viaduc, Patrick le long du mur. Jean-Pierre Stafanato qui sera le DP surface est déjà là. Arrive bientôt Xavier, serein, puis l'ensemble de la troupe : Eric et Sylvie, Josée et Laurent, Baptiste Benedittini, Bruno Mégéssier, Gaby Hude, Serge Césarano.
Les 2 jours précédents Xavier, Michel et Patrick aidés de pompiers serviables ont fait d'importants préparatifs. La cloche de décompression est en place à 120 m au bout du canyon, des blocs sécu sont disposés, le cable de l'interphone est posé de la cloche jusqu'à la zone du PC devant le la vasque. Celle-ci a été équipée d'une corde, pour accrocher les bouteilles de sécu et de relais afin de faciliter l'équipement des plongeurs, ainsi que d'une corde pour assurer l'accès à la vasque lorsqu'on est lourdement chargé. Michel a même nettoyé de ses algues un bout du muret au tampon récurant : c'est très efficace et bien moins glissant. Une rallonge de chantier est déroulée jusqu'au PC protégé par des barrières Vauban. JPS peut brancher son ordinateur à l'ombre du parasol. Face à lui, un tableau blanc rappelle que les méthodes modernes n'enlèvent rien à l'efficacité de procédés plus classiques.
Chacun prépare son matériel. Je me dépêche car je dois faire la première plongée de la matinée. Marrant : lors de sa pointe à -185 il y a 2 ans au Goul du Pont voisin, j'avais déjà fait la première pour désober l'étroiture et passer quelques bouteilles et un propulseur derrière. Et bien je remet ça, puisque je dois déposer 2 petits relais d'oxygène et un propulseur UV18 après le canyon, derrière l'étroiture à 150 m. Patrick décide de m'accompagner pour faire des photos tant que l'eau est parfaitement limpide. On se retrouve dans la vasque pour finir de s'équiper. J'ai pris un bi 7 et j'emporte les 2 relais en ventral. Le propulseur est très bien équilibré et je n'aurai pas de difficulté à le manœuvrer. Je m'immerge et, tout de suite, Patrick me fait signe d'attendre qu'il soit positionné pour prendre les premières photos quand je piquerai vers le fond. Tout au long (quoique court :o) du parcours, il me fera signe d'attendre un peu, ira se positionner dans la galerie pour que je vienne sur lui. J'essaie de bloquer ma respiration aux moments opportuns et de me positionner au mieux, tout en poussant le propulseur devant moi. Normalement c'est lui qui devrait me tracter, non ? Les relais raclent parfois un peu la roche dans cette partie basse de la galerie. Une chicane basse en partie gauche annonce la proximité du canyon. Le voila devant moi. La cloche est suspendue à mi-hauteur, juste après l'étroiture qui s'ouvre sur le fond à droite. Elle occupe la largeur, mais il reste un bon espace derrière. Comme convenu avec Patrick, je me stabilise à sa hauteur en variant un peu la position, puis fait mine de rentrer. Tandis que le flash se déchaîne, j'en profite pour vérifier que tout est ok et qu'elle est parfaitement remplie. J'abandonne mon rôle de taupe-modèle (normal en souterrain) et me dirige sur le petit éboulis de galets qui constitue le fond de l'étroiture. Patrick me fait signe qu'il rebrousse chemin.
J'ai compris qu'il était inutile de vouloir toujours tenir l'UV18 : je le glisse devant moi, vise, et d'une poussée l'envoie dans la galerie tel une grosse fléchette. Il garde parfaitement sa trajectoire et se pose en douceur 3m plus loin. Je me glisse à mon tour en rampant, écartant les robinetteries des relais de mes deux mains pour les protéger. En deux coups de palmes à la frogman je passe facilement. Encore heureux, quand je pense à tout ce que Xavier aura sur le dos tout à l'heure... Je récupère le propulseur et continue jusqu'à une zone ou la hauteur sous plafond facilitera l'équipement de Xavier, au point 150m. J'accroche les mousquetons au fil. Ma mission est remplie, je m'octroye le petit plaisir de continuer un petit peu jusqu'à la marque des 200. Là une bouteille de sécu Nitrox 40 est amarrée au fil. Je jette quelques regards dans la galerie, appréciant au passage ma nouvelle lampe de casque achetée chez Déca.... Ses 3 watts faisceau large convienne bien, tandis qu'avec les 5 watts de la Bubble Dailight fixée au bras j'éclaire plus loin. Demi-tour. Délesté je retourne rapidement à la lumière. Xavier finit de s'équiper, pris pour cible par les appareils photos. Il repart avec Belu qui va refaire des photos du départ du pointeur. Je fais signe que je les accompagne car il me reste bien assez d'air. Je me tiens en retrait pour ne pas gêner le photographe. Par contre mes lumières doivent faire des effets intéressants en fond. j'admire la dextérité de Xavier pour se faufiler avec son équipement volumineux. Patrick s'arrête à nouveau avant l'étroiture, tandis que je suis Xavier. Une fois encore il passe avec l'aisance de l'habitude. Arrivé aux 150m il se pose et entreprends de rajouter les 2 relais à sa panoplie. Il accroche le scooter et le glisse derrière lui, le calant entre ses jambes. Je me suis mis discrètement sur le côté pour ne pas le gêner, et le regarde faire les ultimes vérifications. Avec le faisceau de ma lampe je lui fais un signe ok pour lui souhaiter le succès et il part, tracté par le propulseur avec lequel il est venu de la vasque, tirant celui amené par mes soins, et enveloppé de ses recycleurs et de nombreux blocs de tailles diverses. La vision me fait penser à un énorme attelage routier qui évoluerait dans une ruelle !
Je regarde disparaître ses lumières et, une fois de plus, part rejoindre la surface libre. Lui est parti pour plusieurs heures.

En surface l'organisation finit de se mettre en place sous la houlette de Jean-Pierre. Il reporte au tableau blanc les départs des plongeurs dans un tableau où je suis sur la première ligne. Les suivantes sont déjà remplies avec des heures prévisionnelles, du type H+... Jean-Claude qui fera le premier rendez-vous profond avec le pointeur, à 70m est déjà dans l'eau, préparant ses recycleurs. D'autres suivront, tels Babar, Baptiste, Bruno, Gaby, Serge et Eric, pour différents rendez-vous. C'est qu'il faut déjà s'y rendre : 700m de galerie, même peu profonde ce n'est déjà pas rien.
L'attente est longue. Enfin les premières nouvelles nous parviennent via l'ardoise et Jean-Claude. Tout s'est bien passé et il a rajouté environ 100 m de fil. Il a plus de paliers qu'il ne pensait et malheureusement son gilet chauffant est en panne. JC a ramené la caméra, mais le caisson a pris l'eau et elle est noyée. On l'ouvre autant que possible pour la faire sécher après avoir enlevé les batteries, mais l'espoir est faible. Jean-Pierre reporte sur le profil de plongée au tableau les indications de Minibus, ainsi que les estimations pour l'entrée dans la galerie ou l'arrivée à la cloche. Petit à petit les rendez-vous se succèdent et les nouvelles suivent. Xavier rentre finalement dans la cloche un peu plus tôt que prévu, vers 16 heures. Il est proche et nombreux sont ceux qui vont maintenant pouvoir se succéder pour lui tenir compagnie pendant les 2 h qu'il doit y passer. Jean-Pierre gère les départs et nos impatiences, afin que tout le monde n'y soit pas en même temps et qu'il ne soit jamais seul. Entre-temps Hélène qui rentre de Corse a appelé pour prendre des nouvelles de Xavier, JPS tentant même une mise en communication via l'interphone. On prépare aussi le déséquipement, afin que ne subsiste pour le lendemain que le minimum : la cloche et le fil téléphonique. Dans ce cadre j'accepte d'aller chercher la bouteille de sécu Nitrox à 200m et une autre d'air à 400m. J'envisageais d'y aller seul, mais Laurent se propose de m'accompagner et de me montrer la galerie latérale, entre 250 et 400. Nous attendons donc le retour de Josée qui est avec Xavier, afin que Babar récupère son bi (+ un relai) et moi les plombs de chevilles que je lui ai prêté (à défaut de pouvoir lui mettre du plomb dans la tête ;o). Je repars avec le bi 7 que j'ai regonflé. Je commence par prendre les devants, puis Laurent me dépasse semblant vouloir, contrairement à ses habitudes nonchalantes, accélérer les choses. Arrivés à mon terminus du matin, et au premier bloc, un coup d'oeil aux manos confirme qu'il est inutile de s'en encombrer si tôt. Nous continuons et j'aperçois sur le fil - qui a succédé à la cablette - un rislan qui marque les 250m, et me fait dire que la galerie latérale doit être là. Effectivement Laurent me désigne avec sa lampe le départ du fil, non raccordé au principal pour éviter les erreurs. La galerie est d'une physionomie différentes, plus ronde. J'observe un dépôt bien plus important que dans la principale, signe que l'actif ne passe pas là. Après 150m le fil se termine et nous retrouvons le principal. Le relais est là, et je l'accroche avec l'aide de Laurent : les mousquetons sont un peu distants par rapport à l'écartement des mes anneaux, et j'aurais dû commencer par fixer le bas. Nous rentrons par la galerie principale et, au croisement, je prends le deuxième bloc. Babar me montre à l'écart du fil un puits vers les 150 m que je n'avais pas encore vu. Repassage de l'étroiture avec mes 4 blocs, et tout de suite derrière je bute sur du monde : Xavier est en train de sortir de la cloche et il n'est pas seul... On est un peu nombreux dans cette partie du canyon. Laurent arrive derrière moi et je vois mal comment passer derrière la cloche, je choisis donc d'avancer pour dégager le passage. Un peu plus loin Xavier, au propulseur, me fait me serrer pour le laisser passer. Derrière lui, palmant frénétiquement pour le suivre, Sylvie encombrée d'un relai qu'on lui a confié et qu'elle semble trouver passablement encombrant ! Je continue à mon rythme et retrouve tout ce petit monde dans la vasque. Entretemps quelques regards en arrière m'ont révélé que Laurent ne me suivait plus. Je pose donc les blocs ramenés et part à sa rencontre quand je le vois arriver.
Une fois déséquipés, nous félicitons Xavier pour cette très belle explo, dont il narrera le détails sur son blog. Nous n'avions pas voulu alerter Xavier en lui apprenant la triste fin de la caméra, mais il savait déjà. En fait il avait constaté, quasi dès le départ, qu'une des grenouillères de fermeture, sans doute accidentellement accrochée lors des manutentions, était ouverte. Il l'avait refermé, mais... Hélène est arrivée et Xavier est impatient de se retrouver au restaurant :
  1. c'est son anniversaire, je tairai l'age par respect (et puis je ne sais pas compter aussi loin!)
  2. il a passé 9 h sous l'eau et rêve légitimement d'une vraie nourriture
Les affaires sont rangées petit à petit, le compresseur remisé et attelé derrière ma voiture pour que je le ramène au camping. Je pars un peu après, comme un benêt sans réaliser que Xavier ne va évidemment pas déballer son cadeau au camping : 40 galets (tiens, pourquoi 40 :o) recouvre dans un panier à linge une boîte avec une carte et notre cadeau. Je rate donc l'instant cadeau.
Nous nous retrouvons bientôt tous au camping, pour un apéro et une trempette dans la piscine. Curieusement il y a plus de monde devant un verre que dans l'eau... Xavier nous rejoint et fait une découverte qui va bouleverser nos connaissances scientifiques : sans combinaison étanche, l'eau ça mouille. Si.
Le repas préparé par le camping est très bien, nous sommes nombreux : environ 250 (je compte les moustiques). Xavier nous détaille ce qu'il a vu et nous annonce qu'il ne compte pas y revenir, car pour lui la galerie s'arrête là. On sait où est la suite : plus bas, très bas, au-delà de 220m. Trop bas ?

C'est une belle journée qui s'achève, et j'ai déjà bien cogité à ce que je voulais faire de la suivante...

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